Est-il possible que le penseur et la pensée, l'observateur et l'objet observé ne fassent qu'un ? Vous ne le découvrirez jamais si vous ne jetez qu'un regard succinct au problème et me demandez quelques explications sommaires sur tel ou tel point. Le problème est évidemment le vôtre, et pas seulement le mien ; vous n'êtes pas venu ici pour savoir commentmoi je considère ce problème ou les problèmes universels.
Ce conflit intérieur permanent, tellement destructeur et tellement nuisible - c'est à vous de le résoudre, ne croyez-vous pas ? Et c'est aussi à vous qu'il appartient de découvrir comment susciter en vous-même un changement radical, au lieu de vous contenter de révolutions superficielles d'ordres divers - politique, économique, administratif.
N'essayez pas de me comprendre ou de comprendre la façon dont j'envisage la vie. C'est vous-même qu'il faut essayer de comprendre, car ce sont vos problèmes auxquels vous devez faire face. En les considérant ensemble, ce qui est précisément ce que nous faisons au cours de ces causeries, nous pouvons peut-être nous aider mutuellement à en avoir une vision plus claire, plus distincte. Mais voir les choses lucidement, si l'on reste au stade des mots, ne suffit pas, et cela n'entraîne pas le moindre changement psychologique créateur. Nous devons aller au-delà des mots, au-delà de tous les symboles et des sensations qui s'y associent....
Ces choses là, nous devons les écarter et en venir au problème essentiel : comment dissoudre le « moi », qui nous lie au temps, et dans lequel il n'est ni amour ni compassion ? Il n'est possible d'en transcender les limites que lorsque l'esprit ne se scinde pas sous la double forme de penseur et de pensée. Ce n'est que lorsque le penseur et la pensée ne font qu'un, que vient le silence, ce silence dans lequel plus aucune image ne se forme, et où toute expectation de nouvelles expériences a disparu. Dans ce silence, le sujet et l'objet de l'expérience se confondent ; et alors il est enfin une révolution psychologique - qui est créatrice.
Concernant la perception du sacré chez les indiens d'Amérique du nord, nous avons peu de témoignages existants avant l'arrivée des colons européens.
De plus la présence de ces derniers, avec la notion de Dieu suprême, a évidemment eu un influence sur les croyances des indiens, et sur l'expression de ces mêmes croyances.
Le texte ci-dessous est d'Edward Sheriff Curtis ( 1868-1952 ), ethnographe qui travailla trente ans à un œuvre gigantesque, photographier les peuples indiens dans leurs milieux naturels avant que ceux-ci ne disparaissent.
Edward S. Curtis ayant la conscience aiguë de leur fin prochaine.
"Le Grand Mystère "
"Pour désigner Wakan Tanka, Grand Mystère est le terme qui traduit le mieux la penséeindienne.
Il est préférable à celui de Grand Esprit, une interprétation des missionnaires qui laisse penser que les Sioux lakotas sont monothéistes, ce qui est loin d'être le cas. Pour les Lakotas, toutes les choses qui dépassent l'entendement sont wakan. Les indiens qui ont adopté les préceptes du christianisme traduisent wakan par « esprit sain » et, dans la tentative de concilier leur religion primitive avec la religion chrétienne, affirment que leur peuple croyait au départ en un seul Dieu. Quand ils implorent Wakan Tanka, les Indiens invoquent une entité qui à la fois possède tout et incarne tout ce qui outrepasse leur compréhension. Après avoir sollicité tour à tour leurs divinités, les Indiens les englobent toutes dans la prière au Grand Mystère et ce faisant font référence à toutes les puissances qui régissent l'univers, depuis celle qui donne du pouvoir à leur talisman, jusqu'à celle qui régit l'infini. Non seulement les corps célestes, mais le froid, la chaleur, la neige, la pluie, le gel, un arbre frappé par la foudre - tout cela, aussi bien que le tipi qui sert pour les cérémonies et les objets consacrés sont wakan ".
Référence: Page 183 extrait de; Les dernières tribus de légende, les Apaches, les Navajos,
les Cheyennes,les Sioux. Edward S. Curtis. Éditions du Club France Loisirs, Paris Octobre 1997.
Concernant le travail d'Edward S. Curtis, photos et écritures, consulter le:
Edward S. Curtis's North American Indian ( American mémory, library of congress ).
Lesphotos présentées ici viennent de ce site, à visiter pour les passionnés de cultures et d'Histoire Indienne.
Gérard Blitz (1912-1990), fondateur de Club Méditerranée a été très lié à Krishnamurti ; il a participé notamment à la création de la Fondation Krishnamurti de Londres.
Voici son témoignage, paru dans la revue Info Yoga N° 63 en été 2007.
Gérard Blitz: " La vie de Krishnamurti a connu deux grands séismes, j'ai participé au second. Le premier séisme eut lieu en 1929, à Omen, lorsque Krishnamurti répudia la Société Théologique (voir Infos Yoga 37 et 38) dans un discours "La liberté est un pays sans chemin... " d'une rare clarté, où surgit déjà tout son enseignement.
Le précepteur théosophique de Krishnamurti, le très paradoxal Charles Webster Leadbeater, avait été très influencé par le bouddhisme theravada, ce qui a sans doute marqué Krishnamurti et orienté son propre enseignement, même s'il s'en défendait. Krishnamurti n'a presque rien écrit, ses livres sont les transcriptions de ses conférences.
En conférence, il arrivait les mains vides, sans la moindre préparation. Il s'asseyait et, à un moment donné, la machine se mettait en route, cela passait à travers lui, c'était extraordinaire, cela coulait. J'ai eu la chance de passer beaucoup de temps avec lui, il enseignait à travers le quotidien. C'était un génie de l'usage des mots, réussissant avec des mots simples à induire un niveau de conscience élevé. II n'abusait jamais du langage comme le font trop souvent les conférenciers. A la manière de Picasso qui a eu plusieurs périodes, rose, bleue... Il emballait toujours la même marchandise dans un papier différent.
La transcription et particulièrement la traduction était difficile, Carlos Suarès et René Fouèré ont eu bien du mal à ne pas trahir cette simplicité des discours, cette source qui coulait. On ne trouve aucune malhonnêteté dans les discours de Krishnamurti, il ne suggérait jamais rien. Un aspect touchant de sa personnalité était son innocence. Je me souviens de l'avoir raccompagné jusqu'au chalet où il résidait à Saanen. Au moment de le quitter il m'a dit " attendez ! ", il a couru jusqu'à sa chambre et il est ressorti en tenant à la main un énorme champignon, il m'a dit "Regardez ce que j'ai trouvé ce matin", il voulait me faire partager sa joie, nous étions loin des érudits et des philosophes ! Alors, il s'est rendu compte de ce qu'il faisait, il a rougi, a tourné les talons et est parti en courant.
Krishnamurti a toujours eu un entourage suspect, lorsqu'il a été recueilli à l'âge de onze ans pour devenir le messie de théosophes, il y avait d'autres enfants pressentis pour ce rôle. L'un d'eux s'appelait Rajagopal, il fut le camarade d'étude de Krishnamurti.
Après la scission avec la Société Théosophique, Rajagopal a suivi Krishnamurti et est devenu son conseiller. II l'a aidé à constituer la première structure juridique qui touchait les droits d'auteur. Rajagopal subvenait aux besoins de Krishnamurti, lui payait ses billets d'avions. Mais, dans les années soixante, Rajagopal a commencé à refuser, ou à mettre des conditions aux paiements des frais de Krishnamurti.
C'est alors que Krishnamurti m'a demandé de vérifier l'état des structures financières le concernant, cela m'a pris deux ans, j'ai rencontré Rajagopal, j'ai vécu avec lui des scènes assez délirantes, il était tantôt suppliant, tantôt menaçant. J'ai été finalement obligé d'obtenir les éléments comptables à son insu. II avait fait signer à Krishnamurti qui ne se méfiait pas et ne lisait jamais les papiers qu'il signait, des procurations et des désistements.
La société "Krishnamurti" était plus que prospère, ceux qui la dirigeaient étaient logés dans d'immenses villas californiennes alors que Krishnamurti n'avait plus aucun droit. Je lui ai rendu compte sans donner mon avis.
Krisnhamurti avait à l'époque 65 ans, il a décidé de repartir à zéro, sachant que les droits de toutes les publications de ses discours, dont quelques "bestsellers", continueraient à revenir à l'organisation dirigée par Rajagopal. Nous avons donc créé à Londres la Krisnamurti Foundation, j'en ai été, au début, le trésorier. La nouvelle fondation est vite devenue prospère. II y a peu, l'organisation de Rajagopal et Krisnamurti ont trouvé un accord. Krisnamurti a traversé cette épreuve sans jamais s'intéresser à son propre intérêt, mais uniquement à son enseignement.
J'ai beaucoup voyagé avec Krisnamurti, nous sommes souvent allés à Madras ensemble où mon ami Robert Linssen, très proche de Krisnamurti, m'a présenté Krisnamacharya qui a accepté de m'enseigner le yoga. Krisnamurti était très suspicieux par rapport au yoga. Un jour je me suis trouvé à Madras au Centre Krisnamurti avec un groupe de professeurs de l'Union Européenne de Yoga, nous étions assis et Krisnamurti, lui-même, nous servait le thé, un professeur a alors demandé si Krisnamurti avait des conseils à prodiguer à propos du yoga. II y a eu un long silence, Krisnamurti a regardé chacun et il a juste demandé si l'un d'entre nous pouvait lui indiquer ce qu'était le yoga. Nous sommes restés bouche bée... et nous avons parlé de toute autre chose.
A cette époque, Krisnamurti a rencontré par hasard Desikachar, l'un des fils de mon professeur. Desikachar était, à l'époque, ingénieur mais il rêvait déjà d'enseigner le yoga comme son père. Or ce dernier ne tenait absolument pas à ce que son fils abandonne le métier d'ingénieur. Dans l'avion de retour Krisnamurti m'a demandé si la nouvelle fondation avait les moyens d'inviter, à Saanen, Desikachar que je ne connaissais alors pas. Nous avons invité Desikachar trois mois en Suisse, c'est ainsi que je l'ai rencontré. L'invitation s'est répétée trois années de suite. J'ai pratiqué avec Desikachar et Krisnamurti aussi, surtout des exercices de pranayama qui, disait-il, lui faisaient beaucoup de bien.
Quelques jours avant sa mort, Krisnamurti était encore à Madras. Sentant sa fin approcher, il venait d'interrompre son cycle de conférence et s'apprêtait à reprendre une dernière fois l'avion pour aller mourir en Californie, là où son frère était enterré. II a rencontré Desikachar. Celui-ci lui a dit : "J'aimerais vous inviter chez moi pour que vous rencontriez mon père Krisnamatcharya. Mais Krisnamurti était trop fatigué pour se déplacer. Alors Desikachar lui a proposé de venir avec un petit groupe du Krisnamacharya Yoga Mandiram, son école de yoga, pour lui chanter des chants védiques, ce qui est une des spécialités de l'école.
A l'étonnement de tous, Krisnamurti a alors accepté malgré son état d'épuisement. C'était vraiment surprenant car Krisnamurti se méfiait des traditions qu'il considérait comme un conditionnement. Bien que né Indien et Brahmane il était toujours resté à l'écart de l'hindouisme. Ce fut une véritable fête, (la dernière pour Krisnamurti). Une célèbre danseuse de Bharatanatyam est venue danser pour lui et à la fin Desikachar a proposé à Krisnamurti de chanter le Véda, ce qu'il a fait. Ce fut un moment intense".
Référence : Infos Yoga 63, page 7 à 9 ; été 2007.
Deux autres numéros d’Info Yogas, N° 37 et 38 ont été consacrés à la vie de Krishnamurti.
En lisant ce témoignage un ami a été très surpris concernant l'attitude de Krishnamurti par rapport aux chants sanskrits traditionnels; pour lui K. avait alors " retrouvé ses traditions ", c'était comme un retour aux sources et cela était en contradiction avec toutes ses déclarations et ses écrits.
Il faut rappeler que Krishnamurti a toujours critiqué les traditions religieuses, qu'elles soient orientales ou occidentales; pour lui ce n'est qu'un fatras de croyances, d'idéologies inutiles et nuisibles.
Alors pourquoi cette attitude face à des chants sacrés de l'Inde?
Je vous propose donc un autre témoignage à ce sujet.
C'est un extrait du livre " Krishnamurti tel que je l'ai connu" de Susunaga Weeraperuma, paru aux éditions Buchet/Chastel en 1991.
" Susunaga Weeraperuma. : Krishnaji, j'ai beaucoup apprécié le concert d'hier soir. Je suis venu en Inde pour écouter ce genre de musique mélodieuse. Ce fut un tel plaisir!
Krishnamurti: Oui, ce fut une séance merveilleuse.
S.W: Ce qui m'intrigue, c'est pourquoi vous avez pris part aux chants de Bhajans. Je vous ai observé très attentivement. Vous étiez au premier rang et vous chantiez les hymnes védiques! Je n'ai rien contre les hymnes védiques car je les aime beaucoup moi-même, mais puis-je vous demander pourquoi vous avez souvent exprimé votre forte désapprobation contre toute forme de culte? Vous condamnez l'adoration, mais, hier, vous vous joigniez aux autres dans l'adoration!
K: On peut écouter un Bhajan enchanteur et cependant ne pas être influencé par ses idées. Il est possible d'écouter un Sloka ou un Bhajan et d'expérimenter l'effet magique des sons sur l'esprit et d'ignorer totalement tous les mythes, les légendes, les croyances et autres concepts qui sont une si grande partie de la tradition indienne classique. Avez-vous essayé de prendre plaisir àécouter un Meera Bhajan sans croire en Krishna ni en aucune déité?
S. W.: je pense qu'un Bhajan devient plus significatif quand on a conscience qu'il s'adresse à une divinité particulière. Un Bhajan est un épanchement dévotionnel du cœur.
K: Oh, non! Je n'appellerais pas cela dévotion. La vraie dévotion est sans motif. C'est l'état dans lequel on ne demande rien. Mais quand vous vous tenez devant un autel et offrez une Puja et puis demandez des faveurs en retour, c'est de la corruption psychologique, n'est-ce pas? Vous essayez de négocier avec le divin. Vous dites à la déité: « Je vous offre ceci et vous devez me procurer cela en retour. » Mais la vraie dévotion est un état dans lequel l'esprit n'est pas centré sur quelque objet particulier, quelque personne, déité, croyance ou idée.
S. W. : Voulez-vous dire qu'un vrai dévot a un état d'esprit sans objet?
K: Exactement. Comme je l'ai dit, la manière correcte d'écouter n'importe quel hymne ou chant religieux, c'est d'expérimenter seulement le son - ses accents de supplication mélancolique et d'extase joyeuse et simplement de rester là, en ne permettant pas à votre esprit de se laisser conditionner par des idées ou des croyances religieuses particulières qui, presque toujours, vont de pair avec la musique. Alors, vous trouverez que tous les genres de musique religieuse sont fondamentalement les mêmes.
S.W: Organiserai-je pour vous un concert de musique occidentale classique?
K: Ne prenez pas cette peine. J'aurai beaucoup d'occasions, d'écouter de la musique classique occidentale quand j'irai en Europe.
S.W: J'aime beaucoup Bach, Beethoven et Haendel.
K: J'aime aussi ces compositeurs. Comprenez-vous bien ce que je dis? Si vous écoutez attentivement, vous découvrirez que chaque genre de musique dévotionnelle, quel que soit le pays d'où elle tire son origine, comporte certains éléments communs. Quels sont ces éléments? N'avez-vous jamais remarqué que toute musique religieuse est une sorte de demande, de lamentation, de supplication?
S.W: Cette qualité rend cette musique très émouvante: Je comprends ce que vous voulez dire ".
Référence : Krishnamurti tel que je l’ai connu, pages 163 à 165.
Susunaga Weeraperuma, éditions Buchet/Chastel Paris 1991.
Pour conclure chers amis, il est certain que l'on peut écouter "l'Ave Maria" de Schubert, ou les cœurs de " La passion selon Saint-Mathieu" de Jean-Sébastien Bach sans être croyant. On peut vraiment apprécier toute la grande beauté de ces chants, leurs profondeurs, leurs élans, et rester en dehors de toutes les croyances; être touché par cette beauté, mais rester au-delà de la religion des hommes. C'est écouter la musique pour elle-même, comme le vent dans les arbres, ou le chant des oiseaux. L'esprit n'écoute que dans le silence, et en cela ne peut exister aucune croyance, aucune idéologie, seul ce silence est.
Concernant le yoga, ne peut-on avoir la même attitude, et débarrasser cette pratique de toutes croyances? Ne peut-on faire du yoga, comme on écoute souffler le vent? C'est à dire dans le silence de l'esprit, ce qui rend évidemment très attentif au corps, cerveau compris... Tout cela est excellent pour avoir un organisme en bonne santé et avoir un esprit clair et sain.
Mais dire "Grâce au yoga, aux différentes asanas, vous atteindrez la réalité ultime, vous connaîtrez le très haut…. ", c'est évidemment une aberration et une erreur. La réalité ultime est synonyme de Liberté, est la Liberté dans son essence même est inconditionnée, elle n'est pas concernée par le cercle des causes et effets.
La réalité ultime est bien trop complexe, trop riche pour être atteinte par quelque méthode ou technique. Elles peuvent être utiles certes, mais demeurent toujours insuffisantes et limitées, créant si elles seules existent des actes de plus en plus mécaniques.
Pour résumer, les idéologies et les croyances, que ce soit pour l'écoute de la musique ou pour la pratique du yoga, sont comme des filtres qui vous empêchent de vraiment écouter et ressentir ce qui vous entoure et ce qui est en vous. Les croyances sont l'œuvre de la pensée, quand on s'adonne à elles, on voue un culte à la pensée, on vit dans le mental et on se coupe du réel.
Pour découvrir "ce qui est", il faut avoir un esprit très sensible, intelligent et vif, non soumis au mouvement des pensées. Par-delà ce mouvement qui est le mouvement de l'esprit conditionné, quand le cerveau devient immobile et totalement silencieux, il existe quelque chose d'entièrement différent du monde des hommes, alors peut-être, quelque chose d'éternel entre en existence.
Concernant Krishnamurti et le yoga, vous pouvez aussi consulter cet article :
Avoir un parti pris, c’est choisir et défendre une position.
A partir de ce moment, on veut juste convaincre, ou plutôt vaincre le point de vue de l’autre. En quelque sorte on veut « le convertir », « l’enrôler » dans notre camp. Son point de vue d’autrui ne compte pas, n’a pas de valeur, il doit être combattu. On n’accepte pas un autre regard, l’autre est dans l’erreur.
On choisit son camp, son champ d’action, et celui-ci est toujours limité, étroit, et avec ce choix, on regarde l’autre avec une certaine méfiance. Et plus on est sûr de son « bon choix », plus on a tendance à prendre l’autre pour un imbécile, on le méprise presque.
On voit bien cela dans l’actualité sanitaire, il y a eu les pro-masques, et les anti-masques, maintenant il y a les pro-vaccins et les anti-vaccins. Chacun veut imposer à l’autre quelque chose, et les deux camps se regardent avec méfiance. Et rappelons-le, celui qui est sur de son choix, avec des appuis médical et moral, celui-là méprise vraiment ceux qui pensent différemment de lui.
Quelle étrange tendance de vouloir imposer aux autres nos propres choix, quelle intolérance absurde.
Je suis végétarien depuis plus de quarante ans, et jamais je n’ai dit à qui que ce soit, « il faut que tu sois végétarien ».
Chaque personne est particulière, différente, ce qui est valable pour untel ne l’est pas forcément pour un autre. Et selon l’âge et la maladie, le corps change, et donc on s’adapte, il faut rester en mouvement.
Quand on choisit un camp, une opinion, on se réduit à ce choix, à cette conclusion. On adhère à un parti pris, puis notre vie même devient ce réduit étroit et sombre. Comme on le dit « on prend parti », mais faisant cela on perd la vision du tout, on perd l’ensemble.
Chaque partie n’existe que dans son rapport avec tous les autres éléments, isolée de l’ensemble, une partie devient incompréhensible, sotte et n’a plus de vrai sens. Alors cette partie congrue devenant irrationnelle, elle peut verser très facilement dans des aspects les plus fous et extrêmes.
Je ne veux prendre aucun parti, ni ne défendre aucune cause, ni réduire la vie à aucun de ces nombreux aspects. Je choisis la richesse et la complexité de l’Univers, car aucun parti, aucun groupe, aucune religion ne peuvent embrasser l’immensité de ce qui est.
Chers amis, restons libres et ayons une vie immense, sans fin…