1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 10:29

                                                                                                                                                                                                                    Texte écrit le 1 Janvier 2005
 

  

 

 

  Apprendre consiste d'abord à voir par soi-même ; à découvrir, à observer et à tester ce que l'on vous dit. Donc si ce postulat  veut s'appliquer, dans un premier temps on arrête d'affirmer, de nier ou de confirmer toutes les idées de ce monde.

  Aucune conception ou théorie n'est acceptée d'office sans avoir été jugée et soupesée par votre regard, mais au début vous ne pouvez pas être certain que votre regard soit libre de toute théorie. Vous devez observer également votre façon de penser et de jauger les événements, vous devez observer le mouvement de votre esprit et voir si lui-même, n'est pas déjà le fruit d'une conception établie .

  Car si tel est le cas, votre regard est faussé, il est orienté par cette « croyance » interne.

 

  Donc, il faut être conscient des conditionnements extérieurs, tels que la culture, la famille, la pression sociale ou la mode ; et voir également qu'il y a un mouvement identique dans l'esprit, la pensée « est » conditionnante,  elle se nourrit elle-même.

 

  En fait, il faut saisir simplement que l'acte d'apprendre touche l'ensemble de la vie. L'activité extérieure et l'activité intérieure ne sont pas séparées, elles se créent ensemble. Le monde est à l'image de l'homme, la violence de la société « est » la violence de l'homme. Et l'homme se laisse influencer par la société, il dénie ainsi sa responsabilité  et se lave les mains.

  Donc l'observation se met en place, mais est-ce vrai ? Ou bien est-ce une autre théorie, s'il vous plaît ? Cette action ne se met en place réellement, que si on a véritablement compris qu'il faut tout découvrir par soi-même, cela n'est pas de la philosophie.

 

  Examinons mieux le fait, « je dois tout voir par moi-même » ; je suis arrivé à cette conclusion, car j'ai vu que l'état déplorable de notre monde « est » le résultat des traditions, orientales ou occidentales, les traditions racontent toutes la même misère du monde et de l'homme. La violence de ce monde est un produit, est le fruit de ces systèmes millénaires. La responsabilité de l'histoire leur incombe, et nous voyons leurs castes et leurs religions organisées. Tous parlent de textes sacrés, de livres anciens, ou bien de personnes  extraordinaires, et ils répètent tout ce qui est écrit dans leurs textes ou ce que d'autres ont dit.

  Ils ne font que commenter, écrire sur les paroles d'un autre, puis ils commentent les commentaires, de manière obsessionnelle, comme une maladie qui les ronge ; ils ne s'en sortent pas, et ils plongent le monde dans l'abîme.

 

  Donc nous voyons que le monde des traditions, qu'elles soient  religieuses, philosophiques, politiques ou autres ne nous mènent nulle part, elles ont créé ce monde de souffrance. Donc je ne leur accorde aucun crédit, l'ensemble de ces systèmes « est » le moteur de ce monde de misère et de violence.

  Il y a aussi le monde contemporain, qui pour une grande partie s'est construit en réaction, par rejet des traditions religieuses et puritaines. Mais ce rejet  est le résultat de la pression imposée par l'autorité religieuse, c'est une réaction conditionnée par cette pression, donc cette action n'est pas libre. Elle est très superficielle, en surface, si on regarde on voit que les bases sont identiques aux traditions.

  Abus de pouvoir, accumulation de richesse, mensonges et violences ; propagandes politiques sur le même mode que les propagandes religieuses. L'habit a changé de couleur, mais celui qui le porte reste le même.

 

  Comme il n'y a pas eu d'approfondissement concernant les bases du conditionnement, on a simplement troqué l'habit du moine ou de l'évêque, pour celui du PDG ou de l'homme politique.

 

  Mais ne nous leurrons pas, les traditions sont responsables certes, mais le tout premier c'est l'homme lui-même, c'est l'esprit de l'homme qui engendre le monde.

  C'est l'esprit qui a construit ce monde avec ses religions, ses mouvements politiques, Staline, Hitler, toute cette folie qui gangrène  notre monde.

 

  Nous sommes responsables de « ce qui est ».

 

  Et donc, par cette perception qui se met en place, je comprends que «  je dois tout voir par moi-même ».

  Il s'agit de remettre en cause le monde des idées, des croyances humaines, pas le monde réel. La montagne qui vous entoure, la pluie ou la neige qui tombent sont une paix pour l'esprit, ancrez-vous dans ce réel. Voir consiste déjà à distinguer le Réel de l'imaginaire, on peut faire confiance bien plus à notre corps qu'à notre esprit.

  Attention à ne pas faire de tout ceci une théorie savante et subtile ;  mais si cela se passe, quand cela à lieu, alors observez le directement, voyez  dans le vif  son apparition. Percevez comment se crée une pensée, mais sans en créer une autre par-dessus, un commentaire sur un commentaire. Voyez comme l'esprit humain agit toujours de manière identique, comme les traditionalistes, ne commentez pas votre commentaire. Cela peut devenir une habitude grisante, car vous cultivez ainsi une connaissance qui grandit dans le temps.

  Ce qui se nourrit du temps satisfait pleinement l'esprit et la pensée,  mais par cette action vous ne faites alors que prolonger le monde également, avec tout son cortège de malheurs.

  La connaissance et le temps sont l'œuvre de la pensée, ils nourrissent la seule théorie qui vaille pour l'esprit, voyez comme « la connaissance de soi » crée la croyance du moi, de l'entité séparée, de l'âme.

 

  Cela est le triomphe de l'esprit, de la pensée, mais voyez bien comme cette chimère ne résout absolument rien ; le monde se meurt toujours et vous êtes enfermé dans votre solitude totale.

 

  Nous voyons donc, la nécessité de voir par soi-même, et nous voyons également le danger de s'enfermer dans le piège subtil de la pensée. Pour avancer dans la vie de tous les jours, il n'y a aucunement besoin de faire un effort quelconque, il ne faut pas chercher à changer.

  Vouloir changer sans être libre, c'est juste modifier la prison, l'aménager différemment, et cette volonté de changement est créée par la prison ; pour l'instant le mouvement du mental « est » le mouvement de la prison. Il faut juste le regarder, l'observer, le disséquer, le comprendre chaque jour de manière plus sensible et plus vivante.

  Et le meilleur terrain pour cela, voyons évidemment que c'est le quotidien de la vie, car ce quotidien, ce n'est pas une chose de l'intellect, cela fait partie du réel.

 

  • - Distinguons bien le réel, avec sa richesse et son imprévu, et le mouvement du mental qui crée de la pensée. Notons bien, que la pensée mise à sa juste place fait partie intégrante de ce réel. C'est sa prépondérance qui pose problème, c'est le fait que l'esprit humain ne sait pas agir sans la pensée. Cette importance cruciale donnée à la pensée «est» la source de tous les maux de l'homme.

 

Donc, « je dois voir par moi-même », apprendre à bien distinguer « ce qui est » des créations purement mentales. Et le meilleur endroit et la meilleure action pour cela c'est la vie de tous les jours avec mes relations aux autres, c'est dans cette confrontation avec le réel que je peux voir ce qui est issu d'une théorie. Et voyez bien cette bénédiction véritable, plus vous comprenez le mécanisme des théories, plus vous vous en libérez, alors  cette liberté vous rend disponible pour le monde tel qu'il est.

  L'observation, l'attention sont les actions les plus importantes qui soient, plus vous apprenez à voir, plus vous êtes sensible ; et dans cette action regardez bien, vous « apprenez » sans cesse, vous découvrez sans arrêt.

 

  Par cette attention calme à « ce qui est », on découvre ce qu'est voir.

 

  - Ce mouvement alors ne peut avoir de fin, le savoir n'existe plus, de même que le temps;

  - Vous êtes hors de l'histoire, alors véritablement se crée un autre monde.

 

 

 
  Paul Pujol, "Correspondances".

  Editions Relations et Connaissance de soi.

  "Voir par soi-même", pages 24 à 28.  

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21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 10:13
Avoir un parti pris.

 

  Avoir un parti pris, c’est choisir et défendre une position.

 

   A partir de ce moment, on veut juste convaincre, ou plutôt vaincre le point de vue de l’autre. En quelque sorte on veut « le convertir », « l’enrôler » dans notre camp. Son point de vue d’autrui ne compte pas, n’a pas de valeur, il  doit être combattu. On n’accepte pas un autre regard, l’autre est dans l’erreur.

 

   On choisit son camp, son champ d’action, et celui-ci est toujours limité, étroit, et avec ce choix, on regarde l’autre avec une certaine méfiance. Et plus on est sûr de son « bon choix », plus on a tendance à prendre l’autre pour un imbécile, on le méprise presque.

   On voit bien cela dans l’actualité sanitaire, il y a eu les pro-masques, et les anti-masques, maintenant il y a les pro-vaccins et les anti-vaccins. Chacun veut imposer à l’autre quelque chose, et les deux camps se regardent avec méfiance. Et rappelons-le, celui qui est sur de son choix, avec des appuis médical et moral, celui-là méprise vraiment ceux qui pensent différemment de lui.

   Quelle étrange tendance de vouloir imposer aux autres nos propres choix, quelle intolérance absurde.

 

   Je suis végétarien depuis plus de quarante ans, et jamais je n’ai dit à qui que ce soit, « il faut que tu sois végétarien ».

   Chaque personne est particulière, différente, ce qui est valable pour untel ne l’est pas forcément pour un autre. Et selon l’âge et la maladie, le corps change, et donc on s’adapte, il faut rester en mouvement.

 

   Quand on choisit un camp, une opinion, on se réduit à ce choix, à cette conclusion. On adhère à un parti pris, puis notre vie même devient ce réduit étroit et sombre. Comme on le dit « on prend parti », mais faisant cela on perd la vision du tout, on perd l’ensemble.

   Chaque partie n’existe que dans son rapport avec tous les autres éléments, isolée de l’ensemble, une partie devient incompréhensible, sotte et n’a plus de vrai sens. Alors cette partie congrue devenant irrationnelle, elle peut verser très facilement dans des aspects les plus fous et extrêmes.

 

   Je ne veux prendre aucun parti, ni ne défendre aucune cause, ni réduire la vie à aucun de ces nombreux aspects. Je choisis la richesse et la complexité de l’Univers, car aucun parti, aucun groupe, aucune religion ne peuvent embrasser l’immensité de ce qui est.

 

   Chers amis, restons libres et ayons une vie immense, sans fin…

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
2 février 2021 2 02 /02 /février /2021 09:37

 

 

Voici la vidéo qui a servie de support pour la rencontre

du 21 février prochain à Trévoux.

 

Il s'agit ici d'un dialogue avec les élèves et le personnel

de l'école de Brockwood Park en Angleterre, enregistrement qui

a eu lieu en octobre1983.

 

 

Voici les thèmes abordés dans cette vidéo:

(présentation réalisé par les fondations Anglaise et Américaine)

 

L'intelligence suprême est absence d'illusion.

 

Q : Qu’est-ce que l’intelligence?

On porte en soi l’autorité de sa propre expérience, de ses convictions et de ses opinions. Cette autorité-là, l’acceptez-vous?

Comment regardez-vous les choses, s’il n’y a pas d’autorité?

Nous allons remettre en question, sans dire que c’est bien ou mal ; nous allons enquêter, nous allons douter.

En examinant soigneusement, pas à pas, vous allez

éveiller votre propre intelligence.

Quand admettez-vous l’autorité, et en quel cas l’ignorez-vous?

Qu’allez-vous faire quand l’État va vous envoyer à l’armée?

A-t-on le devoir de s’entretuer pour assurer la sécurité?

Les idées et les idéaux ne sont-ils pas des illusions?

En quoi recherchez vous la sécurité?

Apprenez l’art d’interroger et vous remettrez tout en question.

 

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 09:56

 

 

Nous avons la joie de vous annoncer en ce début

d'année 2022, un nouveau séminaire en février

à Angoulême en Charente.

 

Il y aura une conférence le vendredi 25,

suivie de questions-réponses.

Le samedi 26 et dimanche 27, se déroulera le séminaire d'exploration.

 

Nous avons choisi le vaste sujet de la "vision pénétrante".

 

Vision qui est compréhension profonde, au-delà

de l'intellect et des concepts.

C'est un regard qui libère et déconditionne l'esprit de l'homme.

 

 

Si vous désirez participer, pensez à bien vous inscrire...

 

25 au 27 février 2022 à ANGOULÊME: Séminaire Connaissance de soi avec Paul PUJOL
25 au 27 février 2022 à ANGOULÊME: Séminaire Connaissance de soi avec Paul PUJOL
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Paul Pujol - dans Activités 2022
28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 10:14

 

 

 

 

Le corps est assis, immobile,

 

posé dans le silence.

 

 

Le chat noir et blanc est là,

 

posé sur les genoux.

 

 

On n'ose bouger, de peur de déranger.

 

 

Longtemps nous sommes restés ainsi.

 

 

L'éternité nous a presque saisis.

 

 

 

 

 

 

Paul Pujol

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Paul Pujol - dans textes paul pujol