25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 16:10

 

   En ces temps de confinement chez soi, il peut-être utile de se retrouver et de retrouver l'univers...

 

   A ce titre, voici la strophe XLVII du Tao-tö King:

 

 

 

Sans franchir sa porte
on connaît l'univers.
Sans regarder par sa fenêtre
on aperçoit la voie du ciel.

 

Plus on va loin,
moins on connaît.

 

Le saint connaît sans voyager,
comprend sans regarder;
accomplit sans agir.

 

 

 

Lao-tseu, Tao-tö King.

Traduit du chinois par Liou Kia-Hway.

Gallimard, folio, page 69.

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 14:33

 

 

   Je voudrais vous recommander deux ouvrages et une revue concernant le Bouddhisme des origines, basés sur les textes les plus anciens et probablement assez proches des intentions du Bouddha lui-même.

    Avant toute chose, il est certain que le but premier n’était pas du tout de créer une religion, avec ses rites, sa hiérarchie, ses divinités et toutes les autres fadaises des religions organisées. Pas question non plus de sans remettre à un maître, «Soyez votre propre flambeau, votre propre refuge» (à ce sujet voir sur notre site le texte du"kamala sutra".)

 

    A l’origine, le Bouddha a enseigné « une voie », celle de la souffrance et de la fin de la souffrance. Celle-ci est due à l’ignorance et à l’avidité de l’esprit, c’est cette « soif » qui engendre des confections mentales. La souffrance vient du fait que l’homme confond ses confections mentales (idées, croyances, théories) avec le réel, avec le monde tel qu’il est.

  La fin de la souffrance est basée sur la compréhension et sur l’investigation personnelle, dans cette enquête l’esprit « voit » qu’il est créateur et acteur des confections mentales. Il perçoit aussi que la croyance en l’atman, dans le soi ou dans l’âme est aussi une production du mental. Rien n’est réel dans tout cela.

    Alors cette vision, « est » la fin de la soif, de l’ignorance ; l’illumination est là, c’est la fin de la souffrance, de cela naît le « nirvana », le « non-né ».

   

 

 

    Donc voici tout d'abord deux livres sur le Bouddhisme des origines, un écrit par Walpola Rahula, et le second écrit par Alexandra David-Neel.

 

 

 

 

 

 

L’enseignement du Bouddha, d’après les textes les plus anciens.

 

   Voici donc le premier livre écrit par Walpola Rhula, moine bouddhiste de Ceylan. Celui-ci nous éclair sur la simplicité des premier temps du Bouddhisme et sur la personne du Bouddha, moine mendiant itinérant.

   On y découvre que l’homme seul peut se libérer, atteindre l’illumination. Il ne faut dépendre de personne, « on est son propre refuge, qui d’autre pourrait être le refuge ? »

   On voit aussi que le Bouddha disait qu’il n’y avait pas de doctrine ésotérique dans son enseignement, « qui rien n’était caché dans le poing de l’instructeur », donc rien en réserve pour certains adeptes.

   La méditation est définie comme une culture mentale, où on examine, on test et on entraîne son esprit. Point de croyances dans ce Bouddhisme des premier temps, il faut tout examiner par sa propre vision, sa propre étude intérieure.

   Même à propos de son enseignement, le bouddha exhortait ses disciples à le remettre en cause, à le questionner.

 

Présentation de l’éditeur.

 

  "Le révérend Rahula a reçu selon toutes les règles la formation traditionnelle d'un moine bouddhiste à Ceylan et revêtu d'éminentes fonctions dans un des principaux instituts conventuels (Pirivena) de cette île où la Bonne Loi fleurit depuis le temps d'Asoka et a conservé jusqu'à nos jours toute sa vitalité. [...] Le livre qu'il a bien voulu me demander de présenter au public occidental est un exposé, lumineux et accessible à tous, des principes fondamentaux de la doctrine bouddhique, tels qu'on les trouve dans les textes les plus anciens, ceux qu'on appelle en sanscrit "la Tradition" (Agama) et en pali "le Corpus canonique" (Nikdya), et auxquels le révérend Rahula, qui en possède une connaissance incomparable, se réfère constamment et à peu près exclusivement. " Paul Demiéville.

 

L’enseignement du Bouddha, d’après les textes les plus anciens.

Walpola RAHULA.

Editions du Seuil, collection Point Sagesse.

 

 

 

 

 

 

Le bouddhisme du Bouddha.

 

 Un autre livre sur la Bouddhisme premier, écrit par Alexandra David-Neel intitulé « Le bouddhisme du Bouddha », très belle étude riche et profonde sur l’origine de Bouddha et sur son message.

  Nous retrouvons des thèmes présentés dans le livre de Walpola, mais présentés ici par une occidentale férue de culture bouddhiste.

   Un complément d’approche qui apporte parfois un éclairage différent sur des thèmes identiques. Il est bon de ne pas avoir qu’un seul point de vue.

 

 

Présentation de l’éditeur.

 

   Né prince, fils d’un souverain de la puissante tribu des Sakya, au VIe siècle avant Jésus-Christ, il vécut dans le luxe et l’opulence avant de tout quitter pour partir sur les routes, seul, à la recherche de la sagesse. Il avait vingt-neuf ans, il s’appelait Siddharta Gautama, il allait devenir le Bouddha.

   Alexandra David-Néel a été l’une des premières Occidentales à pénétrer au Tibet et à comprendre la spiritualité orientale. Nul mieux qu’elle ne pouvait écrire cette présentation du « bouddhisme du Bouddha » en étant totalement fidèle au message et parfaitement accessible aux lecteurs occidentaux.

 

Le bouddhisme du Bouddha.

Alexandra DAVID-NEEL.

Editions du Rocher, collection Pocket.

 

 

 

 

 

Religions et Histoire, N° 8 : Le bouddhisme ancien.

 

Un autre document concernant les premiers temps du Bouddhisme, la Revue Religions et Histoire. Le numéro 8 de mai-juin 2006 avait été consacré au Bouddhisme ancien.

 Très beau travail avant tout basé sur des faits et des traces historiques, il ne s’agit pas ici de décrire la « foi » des religions, mais de voir le point de vue au travers de l’histoire.

 

 

Présentation de l’éditeur :

 

 

   À la fois philosophie et religion, le bouddhisme prend naissance vers le milieu du premier millénaire avant notre ère, au nord-est du sous-continent indien. Dans tout le pays, les débats philosophiques, les spéculations sur l'Absolu aussi bien que sur le sacrifice octroyé aux dieux sont anciens et vifs, en particulier dans les cours princières. C'est précisément chez un roitelet, dans le clan des Shâkya, à la frontière indo-népalaise, que naît Siddhârtha Gautama, qui allait devenir le Bouddha. Tôt, il s'est "éveillé" - tel est le sens de Buddha en sanskrit et dans les langues de l'Inde - aux vérités fondamentales de la condition humaine : c'est à son observation et sa réflexion personnelles qu'il doit de les avoir découvertes. Elles portent sur la douleur, l'origine de la douleur, la cessation de la douleur, le chemin qui mène à l'arrêt de la douleur.

   Il l'enseigne d'abord à une poignée d'anciens condisciples, réunis au Parc des Gazelles, près de Bénarès, impulsant ainsi la "Roue de la Loi". Son enseignement va bientôt conquérir l'Inde, puis l'Asie, pour susciter aujourd'hui un intérêt universel. C'est le début de cette aventure grandiose que le lecteur trouvera esquissé dans ces pages.

 

   Auteur : Caillat Colette - Balbir Nalini - Bautze-Picron Claudine - Gethin Rupert - von Hinüber Oskar - Masset Danièle - Osier Jean-Pierre - Pinault Georges-Jean - Skilling Peter

 

Magazine : Religions & Histoire n° 8 Page : 12-75 (mai-juin 2006).

 

 

 

 

  Suite à ces lectures vous découvrirez donc que le Bouddhisme à l’origine était évidemment très différent de ce qui existe aujourd’hui. Les changements sont inévitables, certes, mais certains sont plus ou moins heureux, et certaines évolutions laissent vraiment songeur. Toutes ces divinités, tous ces maîtres, on découvre par exemple, que l’on ne parlait pas de mantras en ces temps-là. (L’introduction des mantras est due à une influence du Tantrisme Shivaïque d’Inde du nord). De nombreuses descriptions de méditations sont faites dans ces deux ouvrages, il n’est jamais question de maîtres, de divinités ou de croyances, ce sont en quelque sorte « des exercices laïques » d’observation de l’esprit.

    Comme nous l’avons vu dans notre présentation, il n’y a pas d’ésotérisme non plus, rien de caché ou de secret. On ne parle pas de maîtres, de guides, car « il faut être son propre flambeau, sa propre lumière ». Autre information complémentaire, au tout début le Bouddhisme était aniconique, c’est-à-dire sans « icônes », sans images.

    Peut-on dire qu’il y avait un système figé, rigide, en parcourant les deux livres vous découvrirez qu’il y avait surtout une richesse d’arguments, une grande diversité, parfois même certaines contradictions ; mais surtout il y a débats, discussions, recherches, et pas acceptation ni soumission à une autorité.

 

    En est-il ainsi aujourd’hui ? Il me semble que l’on confond bien souvent respect et soumission, étude et embrigadement…

    Mais tout dépend non pas de la religion, mais des personnes, des individus. Au final ce n’est pas l’organisation, la religion établie qui compte, mais c’est l’être humain qui importe, sa propre recherche.

    C’est aussi la relation qu’il noue avec les autres, s’il est dans une démarche honnête, intègre, il aura des rapports sains avec les autres, non pas basé sur l’autorité, mais basé sur la recherche de ce qui est juste et vrai. Il faut voir les choses telles qu’elles sont, par soi-même, et ne pas accepter ce que les autres nous disent, fût-ce même le Bouddha.

    Si cela n’est pas une école de liberté et d’intelligence vraie, cela n’a plus aucun sens, et cela ne sert qu’à conditionner et asservir les gens.

 

    Tel n’était certainement pas le message du Bouddha, « seul l’homme est capable de rompre la chaîne du temps et de la souffrance », et il doit le faire seul par sa propre intelligence, par sa propre vision, il doit explorer par lui-même. L’être humain peut sortir de son état conditionné, acquérir la liberté et découvrir la paix intérieure. Mais toujours il doit faire attention à la création de confections mentales (d’idées), il peut se croire être libre et éveillé et ne pas l’être du tout…

  L’observation de l’esprit pour déjouer les créations mentales reste la discipline de toute une vie.

 

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 10:36

 

 

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        Les sages parfaits de l'Antiquité étaient si fins,
      si subtils, si profond et si universels qu'on ne
      pouvait les connaître.

      Ne pouvant les connaître, on s'efforce de se les
      représenter:
      Ils étaient prudents comme celui qui passe un
      gué en hiver;
      hésitant comme celui qui craint ses voisins;
      réservés comme un invité;
      mobiles comme la glace qui va fondre;
      concentrés comme le bloc de bois brut;
      étendus comme la vallée;
      confus comme l'eau boueuse.

      Qui sait par le repos passer peu à peu de trouble au clair
      et par le mouvement du calme à l'activité?
      Quiconque préserve en lui une telle expérience
      ne désire pas être plein.
      N'étant pas  plein, il peut subir l'usage et se renouveler.

  
  Référence: Lao-tseu, Tao-tö king traduit du chinois par Liou Kia-hway.
  Chapitre XV, page 27, édition Folio.

 

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Paul Pujol - dans Religion - textes premiers
31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 22:31

    Tête Bouddha

     

 

   Voici  un texte attribué au Bouddha, nous présentons ici deux traductions ; la première est celle d'Alexandra David-Neel, la seconde est de Walpola Rahula.

 

 

  Le contexte qui a donné lieu à ce texte est décrit comme suit, alors que le Bouddha se trouvait sur la route dans le royaume proche d'un village, les habitants appelés Kâmâla vinrent le trouver.

  Ils étaient désorientés car des chefs de sectes et des Brahmines venaient les trouver, et chacun disait détenir la Vérité ; ils affirmaient tous que les autres étaient dans l'erreur et que eux seuls avaient la bonne doctrine.

 

  Et régulièrement de telles personnes passaient dans leur village, semant le doute et la confusion. Nous voyons un parallèle évident avec notre époque et sa multitude de gourous et de sectes. La seule différence c'est qu'aujourd'hui cela se passe au niveau de la planète entière.

 

Voiçi donc la réponse attribuée au Bouddha :

 

  « Il est dans la nature des choses que le doute naisse. »

  « Ne croyez pas sur la foi des traditions alors même qu'elles sont en l'honneur depuis de longues générations et en beaucoup d'endroits. Ne croyez pas une chose parce que beaucoup en parlent. Ne croyez pas sur la foi des sages des temps passés. Ne croyez pas ce que vous vous êtes imaginé, pensant qu'un Dieu vous l'a inspiré. Ne croyez rien sur la seule autorité de vos maîtres ou des prêtres. Après examen, croyez ce que vous aurez expérimenté vous-même et reconnu raisonnable. Ce qui est conforme à votre bien et à celui des autres. »

( Kâmâla sutra.)

 

Réf : Alexandra David-Neel, Le bouddhisme du Bouddha, page 140 / Edition du Rocher, collection pocket.


  Le même texte traduit par Walpola Rahula.

 

  « Oui Kâmâla, il est juste que vous soyez dans le doute et dans la perplexité, car le doute s'est élevé en une matière qui est douteuse.
Maintenant, écoutez, Kâmâla, ne vous laissez pas guider par des rapports, par la tradition ou par ce que vous avez entendu dire. Ne vous laissez pas guider par l'autorité des textes religieux, ni par la simple logique ou l'inférence, ni par les apparences, ni par le plaisir de spéculer sur des opinions, ni par des vraisemblances possibles, ni par la pensée « il est notre Maître ». Mais, Kâmâla, lorsque vous savez par vous-même que certaines choses sont favorables et bonnes, alors, acceptez-les et suivez-les. »

 

Réf : Walpola Rahula, L'enseignement du Bouddha d'après les textes les plus anciens/ Editions du seuil, collection sagesse.

 

 

  L'ensemble des personnes qui pensent que suivre un maître, ou un gourou est nécessaire devrait connaître ce texte. Nous parlons ici des paroles du Bouddha, pas de la religion Bouddhiste bien évidement.

 

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