6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 09:32

 

 

 

Nous avons la joie de partager avec vous cet enregistrement

d'une conférence sur

"La spiritualité laïque".

(Conférence qui a eu lieu à Trévoux (01) en avril 2018.)

 

Voici les thèmes abordés:

 

Qu'est-ce que la spiritualité laïque?

 

Spiritualité, car notre relation au monde se fait par l'intermédiaire de notre esprit. Et devant le constat cruel de la souffrance humaine, alors qu'aucun être ne désire vivre cet état. Nous en déduisons logiquement, qu'il doit y avoir de nombreux dysfonctionnements dans l'esprit de l'homme.

 

Laïque pour indiquer qu'il peut exister une quête spirituelle authentique, en dehors de toutes organisations religieuses ou cercles ésotériques. Pour saisir le fonctionnement subtil de l'esprit, il est primordial d'être libre, libre d'explorer et de voir par soi-même.

 

Pour découvrir ce qu'est l'esprit, il faut bien saisir ce qu'est la pensée, la mémoire et le cerveau. La pensée nous enchaîne au passé, elle nous enferme dans un temps psychologique, et par sa prédominance

elle crée "le moi".

 

L'esprit n'est-il que pensées, mémoires, et souvenirs?

Nous voyons que la pensée est un processus biologique, qui existe au sein des neurones, et qui à pour siège le cerveau. C'est donc un mouvement au sein de la matière, et donc par définition, cela n'est  pas

d'essence spirituelle...

 

L'être humain peut-il aller au-delà de la mémoire, et se libérer par cela du temps? Il existe un silence immense quand la pensée se tait, quelque chose d'autre alors se révèle.

Partager cet article
Repost0
Paul Pujol - dans Vidéos
21 mars 2022 1 21 /03 /mars /2022 20:46

 

    

 

   La découverte de "ce qui est", ne comporte aucun élément de progression. Le réel n'est pas plus découvert par une personne que par une autre. Il n'y a pas de bonne ou de moins bonne perception de ce qui est. Il y a perception ou il n'y a pas perception. Il n'y a personne au sommet, et il n'y a personne à la base ; il n'y a ni sommet, ni chemin, ni base.  

  

    Cette découverte n'est pas une studieuse accumulation de données précises. La vision de "ce qui est" libère l'homme, et cette liberté est totale, il n'y en a pas peu ou plus selon les circonstances. La liberté est plénitude, et son action n'est pas personnelle, et donc ne peut-être autoritaire. "L'acte de voir" est en dehors du temps, de telle manière, que la première vision "est" la liberté ; cette vision est sans acteur, donc sans mémoire et elle ne peut être entretenue par la pensée.

 

    La vision étant sans mémoire et sans auteur, elle se trouve dénuée de tout commentaire, donc il n'y a ni constat, ni pause. Et dans cette absence de compte-rendu, la vision et la liberté ne sont qu'une seule et même chose. L'acte de voir évolue dès le début en dehors du temps, de telle sorte que toutes notions de commencement et de développement sont inadéquates.

 

 

     

      Paul Pujol, " Senteur d'Eternité ". 
    Editions Relations et Connaissance de soi
    "L'acte de voir, et la liberté", page 74. 
  
                                                                                              

Partager cet article
Repost0
14 mars 2022 1 14 /03 /mars /2022 12:01

 00027.jpg

  

 

 

  Il ne s'agit pas de critiquer, de détruire ou de condamner ; il s'agit de discerner le pourquoi des choses, le pourquoi de toutes recherches, de toutes questions. Il nous faut comprendre le point de départ de toutes nos actions. Par la compréhension du processus mécanique de la question, on se libère ; par des réponses perpétuelles, on alimente le circuit et le cercle continue indéfiniment. Une question nous vient à l'esprit, nous nous inquiétons de ne pas avoir de réponse qui nous comble. Nous nous mettons alors en quête. On fouille, on se renseigne, et après un certain temps une réponse satisfaisante est trouvée. Cette découverte nous calme et nous rassure un moment, mais subitement une nouvelle question apparaît, nous sommes surpris de ne pouvoir y répondre. L'inquiétude prend place, et la recherche recommence une nouvelle fois, le cercle est fermé et l'on tourne en rond indéfiniment.

 

    Il ne s'agit pas de répondre aux questions, mais de discerner le pourquoi des questions. Une question apparaît quand il y a un doute, doute sur une chose que l'on croyait connaître. Ce doute entraîne un malaise, car il montre mon ignorance de cette chose. Donc le doute est lié à la connaissance des choses, je crois connaître une chose et subitement, je m'aperçois de mon ignorance. Je prends peur et vite je cherche, et trouve une autre connaissance à mettre sur l'objet.

 

    Voyons profondément ce que l'homme cherche. Est-ce la véritable connaissance de l'objet qui l'intéresse ? Ou bien cherche-t-il un moyen pour calmer et masquer sa peur intérieure ? Pourquoi ai-je peur de mon ignorance devant les choses ? Je me dis ignorant lorsque je me rends compte que ma conception d'une chose est fausse ; donc à ce moment, j'admets et constate que je n'ai jamais connu la chose. Mon état vis-à-vis de la connaissance vraie n'a pas changé, j'ai simplement éliminé une vue fausse. Envers la chose rien n'a changé, c'est uniquement une conception personnelle qui a été vue comme étant erronée. Pourquoi, par cette compréhension même, un malaise s'installe-t-il ? Pourquoi, qu'ai-je donc perdu sinon une vision illusoire ? Je devrais être satisfait de m'être délesté d'une mauvaise perception.

 

    La peur découle de la perte d'une conception personnelle. Voyons que cette peur n'a rien à voir avec l'objet et sa connaissance, l'homme se soucie uniquement de ses pensées. Le monde extérieur ne l'intéresse pas. Pourquoi l'homme se soucie-t-il essentiellement de ses pensées ? Ne peut-il regarder simplement et directement les choses ? Tout au fond de lui, l'homme sait très bien que la vie n'est que changements et mouvements perpétuels. Il n'existe rien de définitif ou d'inamovible. L'homme sait cela, mais il ne l'accepte pas, il préfère fuir et lutter contre cet état de fait. Il cherche à se rassurer en immobilisant les choses de la vie dans des pensées et des images. L'homme a bâti ses certitudes sur des pensées, mais les pensées elles-mêmes ne sont pas fixes, elles sont également en mouvance constante. La vie de l'homme ne sera qu'une continuelle tension, voulant fixer définitivement et enfermer ce qui n'est que changement et mouvement, l'homme sera dans un combat permanent, dans un conflit sans fin avec la vie et avec lui-même. Donc le point de départ, la cause première a été comprise ; elle est la non-acceptation de la vie, elle est le rejet du mouvement créatif de tout ce qui est. C'est de ce rejet que naissent les pensées.

 

    Voyons maintenant ce qui alimente en permanence le cercle, le circuit des questions-réponses. Au départ nous avons une conception sur la vie, conception découlant de la peur de cette vie. Cette conception et la vie sont deux choses très différentes, la conception est statique et figée, la vie elle, est sans cesse transformée et toujours neuve. J'ai ma conception et je suis un être vivant, en mouvement. Cette conception qui me sécurise, crée en fait une friction permanente avec le monde, tous les actes de ma vie me montrent ce combat, cette tension. L'homme ressent tout ceci, et voulant le résoudre il cherche les causes de cet état présent. Il se dit que cela découle de sa manière de penser et de concevoir la vie. L'homme va constater que ce sont ses idées qui créent le conflit. Il va regarder ses idées et va les voir comme étant une masse de définitions, d'affirmations ou de négations et il va se dire : "toutes ces idées sont fausses, car elles ne m'apportent ni la paix, ni la liberté".

 

    Donc il va douter de toutes ses définitions personnelles, il va voir et comprendre qu'il s'était persuadé lui-même, qu'il s'était auto-conditionné pour un certain type de vision. "Mais maintenant, que vais-je faire ? Encore me conditionner différemment, me convaincre qu'un autre point de vue est le bon ; ou bien vais-je essayer de voir la  chose telle qu'elle est ?"

    Voyons que je me suis convaincu grâce à des pensées, à des comparaisons et des déductions, ceci est meilleur par rapport à cela qui ne l'est pas. J'ai comparé la chose présente à de multiples choses absentes, ou à mes pensées sur toutes ces choses. A chaque pensée, je ne regardais plus devant moi, dans le présent, j'étais dans le passé d'une chose inexistante. Les pensées sont des commentaires, des comptes rendus établis par l'homme et concernent ses expériences passées. Ses conclusions découlent de certaines circonstances, de certaines informations. Notre conclusion établie découle d'une expérience passée très précise ; mais comme nous expérimentons sans cesse des choses toujours nouvelles, donc toujours différentes, nous sommes constamment confrontés à autre chose que notre conclusion, cela nous désoriente et entraîne un doute permanent. Lorsque l'homme doute, il prend une conclusion ou une pensée ancienne, et il essaie de la remplacer par une autre plus récente.

     

    Nous avons des milliers de pensées en nous-mêmes, nous pourrions nous conditionner mille fois de suite, et toujours trouver un conditionnement différent à adopter. On ne peut épuiser cela par la consommation, c'est un cercle infini, et ce cercle est nourri par la pensée. Comprenons également, que les pensées ne sont pas séparées les unes des autres, elles sont le mouvement même de l'esprit. Nous pensons remplacer une pensée ancienne et erronée, par une pensée neuve et vraie, mais le récent, dès qu'il est retenu devient lui-même l'ancien. Lorsque l'on retient une définition, la vie nous apporte immédiatement la preuve de notre erreur ; toute conclusion, quelle qu'elle soit, isole et enferme l'homme dans lui-même. La conclusion n'est jamais du présent, mais toujours du passé, elle n'est pas la vie, mais l'idée de la vie. La conclusion n'est pas la liberté, mais l'idée de la liberté ; elle n'est pas la fleur, mais l'idée de la fleur et l'idée ne possède ni couleur, ni parfum. La pensée est essentiellement cogitation intérieure, la vie elle, ne peut qu'être vécue, et quand la vie est pleinement vécue, la liberté apparaît.

 

    Ce qui nourrit en permanence le doute intérieur de l'homme a été vu : c'est le mouvement de la pensée; mouvement qui est le fait de remplacer une pensée par une autre pensée. Mais voyons profondément que la pensée dite "neuve", n'est véritablement que la suite de toutes les autres pensées; elles se suivent et se valident mutuellement. La pensée "récente" fait partie du processus mental de l'homme, elle en est le dernier morceau, et avec elle, elle entraîne la totalité de ce même processus.  Si la compréhension profonde de tout ceci a eu lieu, fait-on de cela une nouvelle conclusion ? La compréhension profonde du mécanisme des questions-réponses, met fin totalement aux questions-réponses. Cette compréhension est une vision directe, sans commentaire ; - de telle sorte que la vision réelle n'est autre que la compréhension et la fin du

problème.

 

    L'esprit qui se libère va au-delà des actions et des réflexes mécaniques. Il découvre une terre de liberté. Quand il découvre, cela n'est pas une réaction à une pression ou à un désarroi, il voit car son regard est limpide, clair.

    Dans ce pays autre, le mouvement de l'esprit est la liberté même.

    - Au-delà de la pensée, des mots et de la mémoire, l'esprit "est ".
 

      


  Paul Pujol, Senteur d'Eternité.

  Editions Relations et Connaissance de soi

  "Du processus de la question", pages 30 à 35      

Partager cet article
Repost0
21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 11:06
Témoignage

 

 

  Ce tout jeune homme avait mis fin à toutes croyances, il était passé à travers tout ce processus, et tout cela s’était détaché de lui pour toujours. Il avait clairement vu l’illusion des religions, des sectes, du nationalisme ; toutes choses qui séparent les hommes et engendrent les conflits et les guerres. Il n’était donc plus français ou européen, il n’était plus également chrétien, bouddhiste, hindouiste ou autre. L’identification à un quelconque groupe fut très bien perçue comme une pure illusion, une vue de l’esprit.

 

    Il y eut une perception aiguë du conditionnement dû à l’histoire, mais aussi dû aux mécanismes des pensées ; il y eut une perception directe, vivante, de la nature du temps psychologique. Tout cela se fit sans aucun effort, emporté par la passion et la surprise de découvrir toutes ces choses. Toutes les perceptions intérieures se réalisaient de manière très naturelle, comme de l’eau qui coule. Il y eut plusieurs "expériences" subies, mais à chaque fois la lucidité montra l’illusion et l’irréalité de ces événements, alors les "expériences de l’esprit" cessèrent d’elles-mêmes. Puis à un moment donné, sans prévenir, quelque chose d’autre cessa, quelque chose de très ancien ; une chose vieille comme le monde. Il n’en prit pas conscience tout de suite, mais il sentit une immense décontraction, comme un fardeau millénaire qui venait d’être posé au sol.

    Les millénaires mémoriels venaient de tomber ; la peur, qui se perd dans la nuit des temps, la peur n’était plus. C’était la fin de l’illusion du temps psychologique, la fin du "moi" ; l’attachement à la continuité du temps n’était plus. Plutôt que le début de quelque chose, c’était la fin de "ce qui était", du monde des idéaux, des croyances, des œuvres de la pensée. Alors cette fin non prévue, non voulue, laissa l’esprit très décontracté, souple, et surtout immobile et très silencieux. Là, dans ce silence immense, il y eut un mouvement totalement différent, quelque chose commença à vivre, quelque chose de jamais vu, de jamais connu.

 

    Ce fut comme un autre univers qui s’ouvrait, le monde était entièrement neuf, plus intense, plus vivant et d’une telle beauté ! Le regard intérieur vit naître une intelligence autre, très sensible, une vision pénétrante qui voyait instantanément les soucis psychologiques. Cette vision, ce regard clair dès qu’il se posait sur quelque chose, résolvait immédiatement le problème. Toute situation existe par manque de clarté et de compréhension, dès que la lumière de l’intelligence l’éclaire, la souffrance ou ma prison mentale n'existent plus. Les conditionnements tombent pour toujours, ils n’existent plus. Il faut finir "ce qui est", profondément, véritablement. Le tout premier mouvement c’est la fin de ce qui est, on est alors hors du monde des hommes. Quand cette fin a lieu, alors existe un monde sans croyances, sans idéaux, quelque chose que l’homme n’a jamais exploré. Là, dans ce nouvel espace, l’esprit se met en marche, le mouvement dans l’inconnu commence à exister. Ce mouvement sans pensée, au-delà de l’expérience et du "moi", ce mouvement est la véritable méditation, c’est l’exploration silencieuse d’un immense continent, vierge de toute présence humaine.

 

    Cette fin de soi, et la découverte de cet autre monde se firent très rapidement, en moins de deux années tout cela eut lieu. Le jeune homme était persuadé que de nombreuses autres personnes avaient connu de tels événements dans leur vie, il ne se sentait pas du tout extraordinaire ou hors-norme (ce sentiment est toujours vrai, aujourd'hui). Tout cela était tellement naturel, tellement fluide. Pourtant quand il essaya d’en parler avec des amis, avec sa famille, il fut très surpris des réactions ou des commentaires. Certains ne voulaient pas en entendre parler, et d’autres disaient : "c’est vrai, il faut être libre", et ils suivaient une religion, ou pratiquaient de manière très superficielle différentes méditations. La plupart fuyaient leurs peurs dans des systèmes établis, et tous disaient chercher la liberté. Le jeune homme constata la grande difficulté qu’il y avait à parler de tout cela, mais surtout il constata le manque flagrant de vision profonde et de compréhension vivante, chez presque tous ses interlocuteurs.

 

    Alors il décida d’approfondir sa découverte, au lieu de parler, il se plongea profondément dans ce voyage, dans cet inconnu. Le silence fut gardé pendant près de vingt cinq années ; il y eut de nombreux écrits pendant cette longue période. Cette naissance de nouveaux mots, cette explosion de perceptions en mouvement, c'est véritablement la découverte d'une immensité sans nom, d'un pays où siège une immobilité immuable.

 

 

 

Paul Pujol, Senteur d'éternité

Éditions Relations et Connaissance de soi

Témoignage, page 15 à 17

 

 

 

Pour voir l'ensenble des textes de Paul Pujol :

Liste complète et intitulés des textes de Paul Pujol

 

 

     

Partager cet article
Repost0
15 février 2022 2 15 /02 /février /2022 15:40
Rencontres.

  

    Les personnes, qui avaient frappé à la porte d'entrée, se trouvaient là devant nous. Il s'agissait de deux femmes. L'une aux cheveux noirs un peu frisés devait avoir quarante ans, l'autre les cheveux tirés en arrière, dégageant ainsi un visage agréable, devait en avoir à peu près vingt. Dès les premiers instants, on savait qu'il s'agissait de représentantes d'un groupe religieux bien connu. Ces personnes, prêchaient très souvent de porte en porte leurs convictions et leurs messages. Selon leurs habitudes, elles entamaient toujours la conversation sans se présenter, peut-être craignaient-elles que les gens ne referment immédiatement leur porte sans même les écouter, ce qui de toute manière devait arriver bien souvent.

 

    Nous avions déjà parlé quelquefois avec ces personnes, et selon encore une de leurs nombreuses habitudes, s'il y avait plusieurs personnes présentes, seule la personne la plus avancée en âge parlait. Aujourd'hui cela était encore le cas, la jeune fille se tenait en retrait, effacée, mais toutefois attentive au dialogue. Sans doute l'expérience de l'une valait elle mieux que la fraîcheur de l'autre, sans doute le sérieux savoir valait il mieux que le sourire du présent. Une autre de leurs habitudes tenaces, est également de sortir assez rapidement, au bout de quelques paroles, un livre ; un livre très connu, mondialement connu, un livre sacré naturellement. A ce moment, nous essayâmes de leur faire comprendre, que si elles se basaient sur un texte et disaient détenir la vérité, d'autres humains, d'autres cultures avaient également leurs textes sacrés et leur propre vérité. Si on regarde l'ensemble de l'humanité, on voit que les hommes se méprisent et luttent sans cesse entre eux, pour l'établissement de leur vérité particulière.                   

    "Cet état de choses est un des fondements des crimes et des guerres qui se perpétuent à travers le monde, à l'heure actuelle, mais également depuis des millénaires d'histoire."

 

    La personne de quarante ans paraissait un peu gênée et surprise de l'intervention, et de la teneur des propos. N'étant apparemment pas convaincue, elle parla des fausses religions, qui étaient multitudes sur terre, elles enseignaient toutes de fausses vérités et adoraient de faux dieux. Leur religion à elles, n'adorait qu'un seul dieu, le seul véritable. Et leur groupe se basait sur des textes les plus anciens qui soient, et les lois des pays du monde entier étaient également basées sur ces écritures. Elle parla également des prophéties écrites et réalisées, enfin en résumé elle était persuadée d'être sur le bon chemin, le seul capable d'amener l'établissement du "royaume de Dieu" sur terre.

    Nous envisageâmes la question sous un autre angle : "Ces textes sacrés, résultat d'hommes, créations d'hommes, ne découlent-ils pas de perceptions d'êtres humains, comme vous et moi? Perceptions véritables ou illusoires, mais il s'agit de conscience humaine, tout ceci a eu lieu il y a très longtemps, des siècles avant nous. Ces textes expriment, au fond, "- comment l'homme peut-il mettre fin à sa souffrance, n'y a-t-il que guerres, luttes fratricides, haines et violences dans le cœur de l'homme" ? Ces écritures sont la recherche d'un bonheur véritable, d'un établissement d'un monde totalement différent, où la paix soit réelle, palpable et durable. Mais nous-mêmes, ne sommes-nous pas des êtres humains doués de perception, de conscience, ne pouvons nous pas, nous-mêmes ressentir ces choses si importantes de la vie ? Ce livre décrit un point de vue sur la vie, donne un commentaire sur la vie ; mais vous, le ciel bleu, l'air qui se déplace dans vos cheveux, cela n'est-ce pas la vie elle-même, complètement présente, sommes-nous, êtes-vous différente de cela ? Nous en faisons partie, en fait nous sommes la vie, il nous faut devenir sensibles et voir comment résoudre nos problèmes par nous-mêmes, avec honnêteté et vérité".

 

    En parlant nous nous adressions également à la jeune personne, qui prit alors la parole : "Mais il y a tellement peu de gens qui se préoccupent réellement de tout ceci".

 "Certes, il y a peu de gens, mais n'est-ce pas une raison supplémentaire pour aller au bout de la quête ? Une fois qu'elle est entamée, si on ne fait que la moitié du chemin, on ne découvre pas la totalité, et une partie, en elle-même, ne se suffit pas. Elle existe en rapport avec le tout, il nous faut découvrir la totalité de la vie, et alors nous saurons comment agir dans le monde, sans détruire et briser autrui."

    La personne plus âgée semblait à présent un peu ennuyée par notre insistance, elle jetait de rapides coups d'œil à sa montre. Nous nous disions en nous-mêmes, que la vérité devait être moins importante que le temps qui passe, et que pour cette personne les mots n'étaient que des choses vides, creuses de toute sensation, ne servant uniquement qu'à réaliser une ambition personnelle. A côté d'elle, au contraire, la jeune femme avait abandonné avec satisfaction sa retenue ; ses yeux étaient étonnés de voir quelqu'un parler avec elle de ces graves problèmes. Qui plus est, son attention s'était aiguisée lorsque l'on avait parlé de sensibilité et de conscience, on voyait qu'elle avait découvert quelque chose, peut-être de très diffus mais inexistant auparavant. Elle parla à son tour et dit que leur livre malgré tout leur enseignait qu'un jour, le Royaume des cieux serait sur terre, et que seuls les élus seraient sauvés. Ils seront alors immortels et vivront éternellement. Il y avait un très beau rouge-gorge dans le grand platane derrière elles. Les feuilles en tombant se riaient de notre dialogue, et l'oiseau s'envola en criant.   

    Après avoir écouté la jeune fille, sans l'interrompre, nous lui demandâmes depuis combien de temps, d'années, de siècles même, ils attendaient ce paradis ? "Ces écritures très anciennes (mais il en existe de plus anciennes), annoncent la venue d'un paradis sur terre, depuis tellement longtemps, qui donc a vu cela ? Personne encore ne l'a jamais vu! On adore ces textes depuis très longtemps, de très nombreuses personnes dans de nombreux pays les adorent, à travers le monde entier on les étudie, et pourtant cela a-t-il réellement transformé, profondément changé la face du monde ? Ne nous voilons pas le regard, voyons les choses avec honnêteté".

    La jeune personne reconnut avec sincérité que cela n'avait pas changée de manière totale le monde. Nous vîmes le visage mi- offusqué, mi- sévère de sa compagne devenue à présent exceptionnellement silencieuse. Celle-ci se résignait à écouter notre discussion, sans en faire partie. Elle était comme absente, plongée en elle-même, nous lui avions indiqué que citer un livre n'était peut-être pas faire preuve d'une grande sensibilité, depuis elle avait très peu parlé. 

 

    Nous proposâmes encore un autre point de vue : "si le Royaume des cieux était présent, auriez-vous encore besoin de textes sacrés ? Si la chose est vivante, réelle et concrète, a-t-on besoin d'une description d'autrui pour voir et toucher cela" ?

La jeune femme acquiesça de la tête.    

"Et si tous les textes sacrés empêchaient les hommes de s'unir, de vivre ensemble dans une même Vie, dans un même univers, unique et entier ? Au lieu de lire, ne vaudrait-il pas mieux vivre ?".

"Peut-être, mais cela semble difficile", répondit-elle.

"Difficile ne veut pas dire impossible, il ne nous faut pas démissionner devant le défi de la vie".

    Son regard était déjà chargé d'une petite flamme, la vie semblait l'animer à présent bien plus qu'au début de la conversation, avec son air réservé, presque absent, malgré ses yeux ouverts. A présent, une porte jusqu'à maintenant fermée était entr'ouverte.

 

"Nous nous excusons, mais nous ne pouvons rester plus longtemps, on nous attend dans le village".

Ce fut en ces termes que la personne de quarante ans sortit de son silence. Elle s'excusa une nouvelle fois, puis insista pour nous donner une petite revue de leur organisme ; c'était une personne très obstinée. Nous avions parlé pendant quelques temps tous trois ; pour certains cette discussion était devenue une méditation vraie, une recherche sérieuse, et donc une découverte. Et pour d'autres, elle s'était transformée en dialogue ennuyeux, qui finalement était devenu une corvée. Ceux qui avaient parlé au début s'étaient tus, et leur silence avait permis l'expression libre d'autres, une communion vraie. 

    A présent, le pas de la porte était redevenu silencieux, et l'on regardait les deux personnes s'éloigner. La flamme vacillante allait-elle grandir et clarifier celle qui l'a portée en elle ? Ou alors allait-elle s'amenuiser, puis s'éteindre au contact de l'autorité et de l'expérience ? Mais cela était une question sans importance, car ce qui était, c'était l'existence d'une lueur, et en fait une telle lueur ne peut s'éteindre entièrement. Cette lueur avait en elle le germe de la vérité et de l'amour, ce germe croît au contact de la vie ; - et un visage jeune avait à présent la mouvance de la vie en lui.

    En votre cœur, la flamme vacillait doucement, immuable, et le bleu du ciel vous emportait avec lui.    

    - La félicité était sur terre. 

 

 

 

   Paul Pujol, "Senteur d'Eternité".
  Editions Relations et Connaissance de soi.
 

  Rencontres, pages 64 à 69.   

Partager cet article
Repost0