20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 10:50

 

Une étoile dans la nuit.

 

 

     Le ciel était gris sombre, des nuages pesants menaçaient d'éclater depuis quelques jours, mais la pluie refusait obstinément de tomber. Durant la saison chaude, la sécheresse avait été exceptionnelle, et la terre avait un besoin impérieux d'eau. Toutes les plantes pourraient alors se laver et se dépoussiérer, les rivières pourraient remplir leur lit, afin de grossir leurs flots, et elles porteraient une nouvelle fois la vie sur leurs berges et dans les champs. Mais à présent, seuls les nuages aux couleurs obscures étaient là, ils dessinaient des ombres immenses sur les montagnes avoisinantes. Des monts entiers étaient totalement recouverts par ces taches sombres. Les bois et les forêts avaient également pris un vert plus soutenu, plus dense, et la terre, elle-aussi, s'était assombrie. La lumière du jour en était transformée, elle était plus présente, plus vivante, par cela, c'était la beauté qui s'exprimait, qui s'offrait au monde en ce début d'automne.

 

    On devinait au loin la mer, devenue un océan gris émeraude, masse mystérieuse, sombre et profonde, où viennent mourir en pentes douces ces montagnes du sud. Le soleil ne pouvait percer cette carapace de nuages ; l'air en était devenu plus frais, et le corps s'adaptait avec lenteur à ces brusques changements de température.

    Des oiseaux de pluie, martinets et hirondelles, volaient en tous sens à présent, ils zébraient l'air de leur vol vif, et frôlaient le sol à toute allure. Ils étaient noirs et blancs, agiles et très gracieux, leur corps fin était soutenu par de longues ailes étroites, et leur queue fourchue finissait en deux petites pointes d'ébène. Tout en rasant le sol à grande vitesse, ils se nourrissaient en happant les nombreux insectes présents. Ces oiseaux semblaient posséder une énergie illimitée, ils semblaient ignorer le repos. On les avait vus, dès le lever du soleil, s'envoler dans le ciel en criant leur joie, et depuis ils paraissaient ne jamais s'être arrêtés ; sans doute n'en était-il rien, cependant leur vol n'avait pas connu de baisse de vitalité depuis le matin. L'homme également veut toujours être rempli d'énergie, mais cette quête est une quête de possession et de rétention, lorsque l'on veut posséder l'énergie, on détruit celle-ci. L'eau tumultueuse d'un torrent, une fois enfermée dans un bocal, perd toute sa fougue et toute sa vie.     

   Énergie et liberté sont inséparables. Une énergie pure est sans fondements, de même sans directive, ni but, elle ne possède aucune architecture propre ; par cet état de fait, l'énergie peut engendrer tout ce qui est. La liberté vraie n'est pas, et ne peut pas être structurée, elle est au-delà de tout ordre, elle n'est pas l'agencement de certaines choses ; de la liberté sort ce qui est, c'est-à-dire l'ordre de l'univers, et l'univers lui-même, l'ordre de l'agencement de toute matière. En fait, l’énergie, la liberté font en sorte que la création soit.

 

     A présent, les oiseaux avaient tous disparu, ils s'étaient éclipsés sans bruit, le jour commençait à décliner et la pluie viendrait peut-être avec la nuit. Dans le ciel, les nuages étaient devenus moins compacts, et l'on pouvait apercevoir l'étoile du sud, premier point lumineux, bientôt suivie par la lune elle-même. Cette journée qui s'achevait, donnait au monde une tranquillité et une quiétude qui se répandaient sur la terre entière. Bien que venant avec le soir, cette douceur était totalement libre, car on savait qu'elle pouvait se prolonger indéfiniment, ou au contraire s'arrêter et disparaître sans bruit, ni fracas. Cette paix est de toute éternité, et cependant, elle est toujours neuve et différente, toujours autre et à chaque fois unique. - Lorsque l'esprit prend contact avec cela, alors la liberté et l'éternel ne font qu'un.

 

    Au loin, bien au-delà des montagnes, les orages grondaient et tonnaient dans la nuit. La pluie offerte était une véritable bénédiction, toute la vitalité, la force incalculable de l'univers étaient présents, le cœur et l'esprit n'en étaient pas séparés.

    La pluie commençait doucement à frapper sur les vitres, et soudain, sans cause aucune, la béatitude apparut, libre, pure et  entière.                                                

     

 


     Paul Pujol, "Senteur d'éternité".

    Editions Relations er Connaissance de soi

    "Des orages dans la nuit", pages 107 à 109.    

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 15:54

 

La Saône.

 

 

19 novembre 2006  

 

 

 

 Pour le rêveur, le rêve est très réel, il n’existe que cela.

 

 Le rêveur n’est pas séparé du songe ;

 en fait le rêveur « est » le rêve, et le rêve « est » le rêveur.

 

 Le contenu de l’esprit « est » l’esprit lui-même.

 

 De même, celui qui vit dans l’illusion n’est pas séparé de cette illusion ;

 il « est » l’illusion elle-même.

 

 

 

 

 

 

  Paul Pujol, " Senteur d'éternité "

  Editions Relations et Connaissance de soi

  "Le rêve et le réveur", page 161.    

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 18:13

 

 

           

 

  Quelle relation pouvons-nous avoir avec cet homme ? Quelle relation avons-nous avec lui ? Avons-nous une relation traditionnelle ? En le voyant comme un maître, un guru, et en se considérant soi-même comme un disciple, un élève suivant le maître.  Krishnamurti n'a-t-il pas voulu avoir une relation totalement différente des relations humaines" classiques" ? Lui même n'a-t-il pas refusé toute relation de domination, d'asservissement à l'autorité ? Que se soit dans le sens maître-disciple ou disciple-maître, il n'y a pas de maître et il n'y a pas de disciple ! Ces relations sont liées à la "connaissance de soi", à la recherche de la vérité n'est-ce pas ? Donc la relation avec Krishnamurti est liée à notre relation avec la vérité.  

 

    La vérité est-elle une possession ? Y a-t-il plusieurs vérités, chacun la sienne et qui n'a rien à voir avec celle de l'autre ? La perception de la vérité dépend-elle de la culture ou de la tradition ? Peut-on posséder la vérité ? Cela voudrait dire qu'elle peut être figée, être statique, qu'une chose perçue devienne une compréhension personnelle, propre. Si l'on possède une perception de la vérité, que possède-t-on ? Il y a perception de cette chose, cela impressionne l'esprit, celui-ci désire garder présent cette sensation, donc il mémorise cet état. Nous mémorisons notre sensation concernant un contact que nous avons eu avec le monde, ou avec la vérité.

  Si l'on observe bien, il y d'abord le contact, l'expérience, puis vient le désir de prolonger, et ensuite la mémorisation à lieu. La mémoire d'un événement n'est pas l'événement lui-même, le souvenir d'un sourire n'est pas le sourire lui-même. Voyons bien cela, la mémoire n'est qu'un mouvement de la pensée. C'est quand l'action n'existe plus, quand la vérité n'est plus, que l'expérience du passé devient importante. Toutes les descriptions d'un soleil couchant, tous les écrits, les plus beaux poèmes et les plus belles images ne sont rien, face à la beauté d'un soleil finissant perçu par un esprit totalement silencieux.

 

    Donc la vérité ne peut se mémoriser, sinon elle devient un souvenir poussiéreux, elle s'enracine dans le temps et dans l'histoire de l'homme. Cette perception fulgurante n'a aucun lien avec le temps, même les notions de fulgurance, de rapidité doivent être prises avec délicatesse, ne nous enfermons pas dans des mots. Utilisons-les, mais ne soyons pas utilisés par eux, ne soyons pas dépendant de l'expression.

    Quand on dit que l'on possède la vérité, qu'est-ce que cela veut dire en réalité ? Ne parle-t-on pas plutôt de sa vérité, de sa perception de la vérité, parle-t-on vraiment de la vérité, ou bien parle-t-on de soi ? La mémoire d'un événement parle-t-il de l'événement lui-même, ou bien parle-t-il de ma réaction face à cela, il parle de mon ressenti, de mon impression personnelle. Donc je parle de moi, et de mes émotions, c'est de mon ressenti que je parle, pas du coucher de soleil et pas de la vérité ! On ne peut posséder la vérité, on ne peut mémoriser l'insaisissable ; si on définit l'infini, on détruit toute perception de l'infini, et celui-ci s'évapore de notre vie. Voyons aussi que chacun va avoir une perception, une interprétation différente de l'autre, le commentaire ne peut qu'être différent. Car le commentaire parle d'un homme en particulier, de son expérience propre, et l'autre ne peut avoir qu'une expérience et un commentaire différents.

    Le commentaire ne peut être semblable, et donc il sépare les hommes, les désunis et fractionne l'humanité. Cela est très concret chers amis, n'y a-t-il pas de nombreuses nationalités, Américain, Français, Indien ou autres ? N'y a-t-il pas de très nombreuses religions, bouddhiste, hindou, chrétien, musulman ? Chacun détenant sa vérité, et luttant pour l'établir, pour convertir le plus grand nombre.

 

    Cet état de fait ne crée t-il pas des tensions, des conflits ? Ne serait-ce pas une des causes des nombreuses guerres qui déchirent l'humanité depuis la nuit des temps ? Dès qu'il y a séparation, il y a deux camps, et donc deux différences qui se concurrencent, deux mondes qui s'affrontent. Toute cette folie meurtrière qui broie les être humains, toute cette cruauté : Cela ne peut-il cesser, finir à tout jamais ? Pour que cela cesse, avant tout nous devons nous extirper des différents conditionnements créés par la société, par le monde des hommes. Car ce sont ces valeurs qui ont engendrées ce monde de misère, de brutalité sans fin, ce sont ces idéaux, toutes ces théories nées de l'esprit qui détruisent l'humanité. Et en premier lieu, pouvons-nous établir entre nous des relations totalement différentes du monde ? Aucune autorité, pas de hiérarchie, de compétition, de domination ou de soumission à qui que ce soit ! Pouvons-nous découvrir une telle relation, entre nous, et avec Krishnamurti également ?

  Il ne s'agit pas de relation de dépendance, car on n'attend pas que quelqu'un vienne vous montrer le chemin de la vérité, un tel chemin n'existe pas. La vérité ne se donne pas, car elle n'appartient à personne, elle ne peut être une possession, comme nous l'avons vu précédemment. Donc quelle relation avec Krishnamurti, et avec la vérité ?

 

    Pourquoi cherche-t-on la vérité ? Quel est le sens de cette démarche, de cette quête ? Quelle est la raison profonde qui me pousse vers cette exigence fondamentale, quel en est le moteur, qu'est-ce que ce feu qui court en moi ? Si je cherche une distraction, je la trouverai facilement, mais quand l'euphorie des premiers temps sera passée, l'amertume et la tristesse rempliront mon cœur, car jamais la joie du matin calme n'aura été perçue. Si je cherche un modèle, ou un exemple, je trouverai ce que je cherche, mais je ne découvrirai jamais l'inédit, le neuf. Je n'aurai qu'une vie de seconde main, caché dans l'ombre de celui que je suis. Et cet autre, je découvrirai un jour, qu'il n'était que mes désirs projetés, qu'il n'était que mon fantasmeinfantile. Alors je verrai que j'ai perdu la vie à la poursuite de cette ombre, et cette ombre c'est la mienne qui me précède ou me suit, mais jamais je ne me suis vu sans cette obscure image de moi-même. Jamais je ne me suis vu directement, nu comme au premier jour, innocent et fragile.

    En somme, ma quête est la préoccupation de soi, et non la connaissance de soi. Si je ne me soucie que de mon bien être, de mon confort et de mon réconfort, réellement je ne m'intéresse qu'à moi et le monde m'indiffère totalement. Je ne suis qu'un égoïste, et ma recherche de réalisation intérieure n'est qu'un leurre, car je cherche juste à avoir du plaisir, et je désir cela plus que tout. Je veux me réaliser, je veux avoir des expériences extraordinaires, hors du commun ; en fait je veux être différent des autres, supérieur en quelques sorte. Mais je ne vois pas que justement cette démarche même fait partie de l'esprit humain, c'est une attitude tellement commune à tous...La connaissance de soi n'est pas la préoccupation de soi.

    Par contre, si je suis en mouvement car je refuse cette société corrompue, toute la violence des hommes, je sais que cela doit cesser. Je le ressens au plus profond de moi, comme une impérieuse nécessité, comme un appel dans le désert immense. Il faut que cela soit différent, je veux créer un monde totalement autre, et je sais qu'il me faut découvrir la liberté. Sans cette liberté véritable, on ne fait que prolonger ce monde, on ne fait que suivre les différents conditionnements. On troque l'Occident pour l'Orient, le quotidien pour l'exotique, le vieux pour le soi-disant neuf ; tout cela n'est que du vent et de l'illusion. Alors je saisis que pour être libre, il n'y a qu'un instrument adéquat, c'est la vérité. En voyant cela je suis déjà en relation avec cette vérité, car cette vérité est en moi et je suis en elle.

 

    Et voilà que je découvre Krishnamurti, que je découvre cette homme qui vit cela, qui l'explore depuis de nombreuses années. Que vais-je faire avec cette personne ? Je ne veux aucune relation de dépendance et je ne vois pas en lui une quelconque autorité, comme certains de mes amis ! Donc j'aborde son "œuvre", car à son propos j'hésite même à parler "d'enseignement". L'enseignement n'est qu'un poteau indicateur, la carte d'un pays inconnu, ce qui compte c'est ce qu'indique le poteau ou la carte. C'est le pays inconnu qui compte, et je ressens qu'on peut le découvrir, justement si on remet la carte à sa juste place, et certainement si l'on découvre ce pays, la carte n'a plus grande d'importance. Donc j'étudie cette œuvre, ces écrits, je visionne peut-être même des vidéos et si je le peux je vais parler avec lui. Mais chaque fois que quelque chose est exprimée, je l'examine, comme j'examine mon propre esprit, je ne sépare pas les deux choses.

    "L'enseignement" ne parle que de l'esprit, de son dysfonctionnement, de son désordre et de sa confusion, quand j'étudie un texte, je m'étudie en même temps. De même dans toutes mes relations avec l'autre, j'examine mes réactions, mes pensées, mes émotions, bref j'apprends par moi-même. "L'enseignement" n'apprend rien à personne, c'est chaque individu qui, par son attention découvre en lui-même. C'est par son propre regard que l'on voit, non pas par le regard de l'autre, serait-ce même Krishnamurti ! Donc on peut dire que cette œuvre me montre dans quelle direction regarder, je suis dans une telle confusion, un tel désordre, que cela peut m'aider à y voir plus clair. Mais c'est moi qui regarde, et si une chose me frappe, si une vérité me souffle, alors elle est mienne, elle est en moi. Et c'est cette vérité qui va me faire bouger, me faire agir différemment, sans aucune volonté de ma part. Quand la vérité pénètre dans un esprit, elle travaille d'elle même, sans aucun effort, elle transforme celui qui la porte. Quand cela a lieu, véritablement qu'elle est notre relation avec Krishnamurti ? Voyons cela avec subtilité s'il vous plaît, regardons bien, nous sommes entre amis n'est-ce pas ?

 

    Donc j'étudie, et soudain la vérité s'empare de moi, elle me bouleverse entièrement, là en cet instant, j'ai vu totalement et immédiatement la folie des religions (ce n'est qu'un exemple). Cette vision a mit fin pour toujours à ces croyances illusoires, à cet attachement infantile aux techniques et aux rites ancestraux. Plus aucune croyance ne persiste dans l'esprit, plus aucune référence à tous ces modèles, ces héros traditionnels. L'esprit est au-delà des hommes, dans cette vision l'étudiant est allé au-delà de son histoire, au-delà de son être même. Dans cette vision seule demeure cette vérité, cette lumière qui dissout la pénombre. Dans cette attention bien particulière, quelle est alors la relation avec Krishnamurti ? S'il vous plaît, quelle relation y a-t-il ?

    Peut-être pouvons-nous examiner quelle relation Krishnamurti avait avec la vérité ? Quel lien avait-il avec cette clarté ? Il me semble qu'il a souvent indiqué, que la vérité l'habitait, et que dans ces instants c'est cette vérité qui agissait, que cela l'avait transformé totalement et profondément. Pour expliquer parfois ce qu'il entendait par "l'éveil" de l'esprit, il a indiqué que c'était la fin de "l'illusion du soi", de "l'esprit individuel". Dans un entretien avec André Voisin, alors que celui-ci lui demande "Krishnamurti qui êtes-vous ?", Krishnamurti répond "Rien, je ne suis rien". Dans la perception de la vérité, seule demeure la vérité, et celui qui vit cela est transformé pour toujours. Peut-on dire que Krishnamurti et la vérité ne faisaient qu'un, ou plus justement que quand Krishnamurti s'effaçait, la vérité s'exprimait alors. Non pas en lui, puisqu'il n'était rien, mais à travers lui, au travers de sa personne. N'est-ce pas cette bénédiction qui donne la liberté, cette ivresse de l'innommable que Krishnamurti voulait partager avec les hommes ?

 

    C'est la liberté que Krishnamurti voulait pour nous tous, il ne pouvait la donner, mais n'a cessé de l'indiquer, de la montrer sans relâche. Il n'avait qu'une seule action, on ne parle pas ou peu de la liberté, mais on démonte la prison, on doit sortir de la cellule confortable des traditions bien établies. Donc je perçois la vérité, alors je ne suis pas dans cet instant, seule demeure la vérité, elle remplit tout mon être, malgré l'absence du moi, une plénitude totale est là. La vérité est là, le petit, le mesquin n'est plus. Il n'y a plus de centre dans l'esprit, seule l'immensité de la vérité existe, et alors arrive la liberté. En cela, il n'y a pas le monde et un homme séparé du monde, l'univers entier est là, le monde est un, et excusez-moi cher amis un monde hors du temps existe alors.

    La totalité de la vie est là, l'esprit est relié à toute chose, à tout le cosmos, aux étoiles, aux rivières qui courent dans les bois, aux hirondelles qui chantent dans le ciel. Alors très chers compagnons la question de la relation avec Krishnamurti n'a plus de sens. Il est dans votre cœur, dans votre chair, il est votre sang, et au-delà de lui, bien au-delà une lumière luit dans le monde, ne la voyez-vous pas ?

 

 

 

  Paul Pujol, Correspondances  

  Editions Relations et Connaissance de soi  

 "La relation avec Krishnamurti", pages 88  à 95.  

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 22:19

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     Les politiciens et les religions ont toujours réécrit l'histoire, ramenant la lecture du passé dans le cadre de leurs propres théories. Ils ne cherchent qu'à confirmer leurs points de vus, afin d'asseoir toujours plus leur pouvoir et leur autorité.

    Quand ils parlent d'histoire, ils notent les différences de cultures, ils regardent les autres civilisations, puis ils les évaluent et les jugent d'après leurs propres critères. Mais dans ce cas là, ils n'essayent même pas de comprendre, de saisir le point de vue de "l'autre"; ils comparent juste "l'étranger" par rapport à leur morale et leur religion.

    Il n'y a aucune sympathie, aucun "amour" dans ce regard, c'est le dit "civilisé" qui regarde le soi-disant "sauvage". Il y a une telle arrogance, un tel mépris dans ce regard prétentieux et présomptueux.

 

    Il est indispensable de comprendre et de voir les autres cultures, les autres civilisations, comme autant d'univers mentaux complexes, d'une grande richesse et d'une profondeur tout autant respectable que la "civilisation judéo-chrétienne". Si nous pensons avoir dans notre culture des belles et nobles choses, pourquoi n'en serrait-il pas ainsi ailleurs, sous d'autres cieux et sur d'autres continents? Les civilisations Chinoise, Indienne, Égyptienne, les Indiens d'Amériques, les cultures Islamiques, Ottomanes. Toutes n'ont-t-elles pas données au monde des trésors de finesse dans l'art, la science, la poésie?

    Il y a aussi la guerre, naturellement, et souvent au nom de Dieu, mais l'occident n'a rien à envier sur ce plan là. N'est-ce pas? Les guerres de colonisation d'Amériques du nord, d'Afrique,  et sur le continent Européen, il y eu l'inquisition de l'église, avec ces bûchers, ces tueries. Puis l'Europe c'est déchirée elle-même, entraînant le monde dans l'abîme et l'effroi; deux guerres mondiales, des millions de morts...

    Alors respectons les autres cultures, dans le sens, qu'elles sont aussi profonde que la nôtre. Il y a tant de richesses, de créations et de beauté dans le monde des hommes, et il y a aussi la laideur et la violence, la barbarie. Mais le barbare, c'est d'abord celui qui pense être le centre du monde, celui qui pense que son "petit monde" représente la totalité, l'immensité du monde. Cela ne veut pas dire que nous allons revenir au mythe de bon sauvage, qui est resté pur en vivant dans la nature, cela serait trop ridicule et réducteur. D'ailleurs c'est un point de vue purement colonialiste, teinté de paternalisme protecteur; on ne considère pas ces gens comme des hommes, mais comme des enfants faibles dont il faut s'occuper. On va les prendre en charge, et en fait on va penser pour eux; ils sont ignorants et nous, nous savons ce qui est bon pour eux.

    Donc voyons celui qui est différent, "l'autre", "l'étranger", comme le miroir de notre humanité. Ces croyances ne sont pas plus sottes que les miennes, ses chants sont aussi beaux, et si je sais écouter son histoire recèle une grande beauté.

 

    Voilà, donc je respecte les différences, mais sans les idéaliser. Il peut y avoir un sentiment de vérité dans les autres cultures, comme dans la mienne. Et si je suis un homme de bonne volonté, si je vois toute cette humanité avec ce regard bienveillant, je me rends compte que ma culture, ma morale et ma religion ne détienne pas la vérité absolue. Mon arrogance en prend un sérieux coup, et je me rends compte de la bêtise des intégristes, je vois que j'ai eu jusqu'à présent un certain intégrisme dans ma vision du monde et des hommes. Cette perception me rend immédiatement humble, car je me rends compte que ce que je sais, ce que je connais est très relatif, très, très partiel. Les autres ont aussi une parcelle de cette vérité, et je me rends compte que toute ces parcelles peuvent se parler entre elles, elles s'interpellent mutuellement. Seuls les intégristes s'en offusquent et sont gênés par ce dialogue.

     Là nous voyons que les cultures sont le résultat de l'Histoire, elles racontent toute la même Histoire, mais avec des géographies différentes, dans des climats différents, avec des habitudes et des coutumes qui se sont affirmées avec le temps. Ces différences sont devenues les ferments des différentes cultures, ils ont créés des religions, des civilisations, des courants de pensées. Tous ces mouvements de civilisations n'ont jamais été séparés les uns des autres, ils se sont toujours nourris mutuellement, parfois avec harmonie, parfois avec les fracas de la guerre et de la désolation.

    Il convient vraiment de voir tout cela, nous sommes le produit de ce brassage permanent. Il y a aussi presque toujours eu une compétition, une concurrence pour la domination d'un territoire ou d'un continent, les religions se sont toujours alliées au politique, perdant ainsi tout "sacré" dans leur action. Le seul but étant la recherche du pouvoir, et sa pérennité dans le temps.

    Cela c'est notre "Histoire", faite de beaucoup de larmes et de sang...Alors que faisons-nous aujourd'hui? Allons-nous continuer cette histoire, quelle est notre responsabilité face à ce monde qui est le nôtre? Il y a les nationalités, les différents religions, les partis politiques, tous ces groupes avec leur chef, leur leader, leur pape. Voyons-nous que tout cela détruit le monde, cela fractionne l'humanité? Comprenons-nous que toutes ces actions divisent les hommes, cela crée des camps, des factions rivales, les responsables préparent la guerre, n'est-ce pas? La violence serra le fruit de la séparation, la brutalité serra l'amer résultat de toute cette division.

 

     Alors que faire? Comment agir, sans créer plus de confusion et de violence? Excusez-moi, mais mes amis, en fait cette Histoire doit "finir". C'est à dire qu'il nous faut créer quelque chose de totalement neuf, une nouvelle culture, une nouvelle civilisation. Non pas basé sur la séparation, sur la division, mais sur la vision et la compréhension profonde de notre humanité commune. Peut-on sentir, se rendre compte au plus profond de soi-même, que nous sommes tous unis, par delà les nationalités et les religions. Nous ne sommes pas des Américains, des Indiens ou des Bouddhistes, des Chrétiens, des musulmans, mais nous sommes des êtres humains. Il faut nous libérer des limites instaurées par la société, et découvrir une autre façon d'aborder la vie, une autre manière d'être en relation avec l'autre et avec le monde de la nature tout entier.

    Cette nouvelle culture ne peut-être crée que dans la Liberté intérieure, car véritablement c'est dans la liberté qu'existe la création, alors le neuf entre en existence et, vraiment, un nouveau monde voit le jour. 

 

 

 

   Paul Pujol

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 16:43

  Mont Canigou, dans le sud de la France.

 

 

 

  C'était un regroupement de personnes de tous âges et de toutes nationalités. Elles étaient venues écouter une personne, quelqu'un de très âgé, à l'esprit libre et au cœur immense*. Notre présence en cet endroit nous surprenait, il n'y avait aucune raison majeure pour l'expliquer. Nous nous demandions bien pourquoi nous avions fait tout ce chemin, pour venir dans ce pays aux riches vallées. Il y avait une atmosphère étrange, faite à la base de quiproquos et d'incompréhension, une atmosphère de dévotion et malheureusement, on le sentait bien, de future idolâtrie. Pour parler au vieil homme, untel disait que c'était impossible et que certains donneraient des milliards pour l'approcher ; - étant désespérément pauvre, nous n'insistions plus, et nous nous demandions vraiment quelle était la raison de notre venue. Une autre personne parlait de techniques méditatives, et pour elle, un temple s'élèverait dans l'avenir en ces lieux mêmes. Il est affligeant de voir à quel point l'homme peut être borné, avec un esprit tellement étriqué que rien de neuf ne peut y rentrer.     

     Il était déroutant de voir tellement de personnes s'intéresser à la recherche de la vérité, et avoir si peu d'écoute et d'attention libres. Tous avaient leurs idées, leurs analyses propres. Chacun avait déjà sa conclusion et tout dialogue était simplement un étalage de sa propre connaissance. Il n'y avait aucune liberté et naturellement, l'acte de voir ne pouvait surgir avec de telle disposition d'esprit.

 

    Le vieil homme ne ferait de causerie que le lendemain, une traduction vidéo était projetée dans l'après-midi. On y vendait des petits livrets de dialogue avec des étudiants, nous achetâmes deux livrets jaunes. Le hasard voulut que ces deux opuscules soient les derniers exemplaires présents, la personne qui nous suivait fut désolée de ne pas pouvoir les acquérir. A notre grande surprise, elle nous félicita d'avoir acquis ces deux livrets, estimant qu'une grande chance nous accompagnait. Pendant un bref instant nous hésitâmes entre lui répondre que les mots ne sont rien, ou simplement déchirer ces deux opuscules ; mais décidant de rester discrets nous ne répondîmes pas. 

    Il y avait dans cette petite foule présente deux frères, un jeune homme sorti de l'adolescence, et un autre plus jeune sortant à peine de l'enfance. Un dialogue intéressant s'établit avec les deux frères, plus exactement avec le plus jeune. Le plus âgé montrait son expérience, et disait n'être venu là, que pour le plaisir de son jeune frère. Seul peut-être aurait-il était moins fier, et une communication aurait été possible ; mais il n'avait rien à apprendre, ni de son jeune frère, ni d'autrui. Au cours de la journée après une petite promenade, nous étions assis tous les trois sur un banc. L'après-midi s'achevait tranquillement, le grand frère sortit alors un jeu de cartes, un jeu de divination naturellement. L'esprit comprit que la sérénité et la tranquillité s'étaient enfuies. Il nous demanda si nous connaissions le jeu, après avoir donné quelques explications sommaires, il nous présenta une carte, cette carte semblait avoir une importance extraordinaire à ses yeux. Il nous demanda de regarder le visage dessiné sur une des faces, et nous confia que pour lui, le visage dessiné ressemblait étrangement à un personnage connu. "Vous ne reconnaissez pas ce visage ?" demanda-t-il avec insistance. Devant notre silence incrédule, il fut surpris que l'évidence ne nous ait point éclairés.  Alors avec satisfaction, devant notre ignorance, il déclara comme une grande découverte, que le visage dessiné avait une ressemblance avec le vieil homme des causeries. Sans doute cette idée lui était-elle tout à fait personnelle, car son jeune frère n'avait pas dit un mot. L’esprit de l'homme est vraiment caricatural, le vieil homme, toute sa vie a démonté les mécanismes de l'idolâtrie, l'enfantillage des religions, le non-sens des symboles. Et la plupart des gens venus l'écouter, ne l'ont jamais vraiment entendu.

 

    Cependant certains semblent entendre. Le soir tombé nous étions dans une pièce aménagée en dortoir. La simplicité des lieux et du confort étaient sympathiques, le jeune frère était à nos côtés. Il parlait du vieil homme, non pas comme un idolâtre, mais il y avait du respect et de l'amour présents dans sa voix. Après quelques instants de conversation, nous indiquâmes que sa vie ne devait pas se résumer au vieil homme. Nous avions parlé des méfaits de la concentration, qui sclérose l'esprit. De manière forte, nous lui annonçâmes qu'il allait faire maintenant une découverte importante. Ces paroles mirent en place un regard intérieur différent, même le regard extérieur devint différent, nous parlions pourtant depuis quelques temps déjà. L'acte de voir étant établi, nous lui indiquâmes, qu'à son tour, il ne fallait pas faire du vieil homme un sujet de concentration. Visiblement l'inédit venait de surgir pour le jeune homme, son attention était telle, qu'il ne parlait plus, sentant toute la réalité au-delà même des mots. La méditation était là, ni lui, ni nous n'existions vraiment ; le regard intérieur avait surpassé les mots, les phrases et les concepts, la conversation s'acheva d'un commun accord silencieux. Ne serait-ce que pour ce court instant, notre venue en ce lieu éloigné prit une valeur importante, mais il semblait néanmoins y avoir autre chose.

 

    Le lendemain une causerie eût lieu, la tente en plein air était bondée de monde. Curieusement on faisait la queue pour entrer, cela était amusant et quelque peu bizarre, mais l'organisation était tout à fait nécessaire. Une fois tout le monde en place, le vieil homme entra, on l'aida à mettre un micro sur sa chemise (nous remarquâmes que le jeune homme qui l'aidait, avait une condescendance amusée envers le vieil homme, cela nous parut tout à fait détestable, déplacé et irrespectueux). Le vieil homme parla, il s'exprimait dans une langue étrangère, aussi nous ne comprenions rien à son discours. La même question, la même interrogation était présente à notre esprit : "pourquoi étions-nous venus ? Qu'avions-nous donc à faire dans cet endroit ?"

    En fait, sans jamais avoir rencontré le vieil homme, nous le connaissions très bien depuis de nombreuses années. Le vieil homme s'était trouvé là au début de la quête, au tout début. Ses écrits étaient vérité et cela nous avait frappés. Puis le chemin de la liberté s'est déroulé de lui-même, à l’écoute du monde dans sa totalité. La clarté s'est répandue, et les chaînes du temps se sont abolies. De temps à autre un écrit était lu, se trouvant par hasard sur le chemin. A chaque rencontre, les écrits du vieil homme exprimaient une chose que vous aviez découverte, indiquaient un aspect de la réalité dans laquelle vous vous étiez plongé. Une telle similitude est véritablement étrange et fantastique à la fois, cela posa pendant quelques temps de vrai problèmes de communication. Aussi pendant de nombreuses années, le silence dans ce domaine fut total, nous voulions résoudre ce dilemme avant toute expression publique. Lors de notre venue dans ce pays prospère, le dilemme n'était pas encore résolu. Ce n'est que plusieurs années après, que du silence sortit la vision profonde et juste de cette situation. Cette étrange relation et la venue inexpliquée en Helvétie, trouvèrent alors leur réponse de manière naturelle.

 

    Lorsqu'un être humain, quel qu’il soit, va dans une recherche véritable, totale et profonde de la vérité, que découvre-t-il, se transforme-t-il lui-même ? La vérité et la réalité sont les deux faces d'une même médaille. Pour deux êtres humains immatures, il existe deux réalités, chacun la sienne, qui n'a rien à voir avec celle de l'autre. Dès qu'une recherche véritable s'établit, il est évident qu'il existe une seule réalité, laquelle se trouve au-delà de toutes les illusions, croyances, rites ou symboles créés par l'homme. Donc on aborde un même rivage, une même source, et pour découvrir cela, l'égocentrisme doit être détruit ! L'illusion d'un moi séparé du reste de l'univers doit cesser, alors l'être devient différent. La réalité du corps est remise à sa vraie place, et la réalité intérieure devient autre. On n'exprime plus le sentiment d'une petite partie illusoire, on exprime une totalité. Simplement parce que la goutte d'eau a pris conscience de l'océan où elle vit. Et dans la réalité, l'océan existe parce que les gouttes d'eau sont unies, enchevêtrées, tellement soudées entre elles, qu'elles n'existent pas séparément. L'océan est une masse vivante en mouvement, chaque goutte a cette vie et ce mouvement à l'intérieur même de l'océan. En fait, la goutte est une abstraction intellectuelle, c'est l'océan et la vie qu'il porte qui sont "réalité". Une goutte hors de l'océan, posée à même le sol, périclite immédiatement et très vite n'existe plus, n'existe pas. Donc l'être humain découvre un rivage inconnu. Que se passe-t-il si plusieurs êtres atteignent ce même rivage ? Ils parlent alors d'un même monde, ont un regard identique, qu'importe qu'ils se rencontrent ou pas, ils expriment la réalité. Les découvertes et écrits sont alors tout à fait indissociables, quelques mots peuvent être différents, mais le fond reste indivisible. 

 

    Quelle raison alors pour ce voyage, réalisé dans ces vallées luxuriantes ?

    Un an après ce déplacement, nous apprenions la mort du vieil homme, ces causeries étaient les dernières données dans ces vallées. Le vieil homme n'a appelé personne, il savait la mort proche, nous savions également, au-delà de toute analyse. Il était important de voir, non pas le personnage, mais l'environnement de l'homme ; voir tous ces gens qui l'entouraient, qui l'avaient suivi pendant tant d'années. Le vieil homme est mort. Beaucoup le suivaient. Demain le monde saura si ces gens étaient idolâtres, ils détruiront alors le message ; ou si ces gens étaient vraiment à la recherche de la vérité, ils continueront alors à participer à la création d'un mouvement spirituel totalement nouveau. Mouvement où il sera parfaitement admis, qu'un groupe d'êtres humains libres constituent un ensemble indivisible, un organisme unique, exprimant un même fond. 

    Une telle unité parait incroyable, c'est comme un regard, apparemment les yeux sont séparés, dissociés, mais cependant ils regardent et voient toujours dans la même direction, ils ont toujours un mouvement identique. C'est comme un même corps, inutile de se regarder soi-même, il faut agir et aller dans le monde. Montrer ce corps indissociable est la preuve qu'il existe autre chose que l'égocentrisme et la séparation. Donc la haine, la violence peuvent être vaincues, de même toutes les autres folies instaurées par la pensée. De tels êtres ont toujours vécu de par le monde, l'expression de leur découverte est faite pour les gens de leur époque et de leur culture. La connaissance d'autres religions ou croyances étaient très limitée ; donc pour l'expression de la vérité, les êtres libres avaient les mots et les concepts compréhensibles par leurs contemporains. Car il est évident, qu'après la découverte, la communication reste l'unique préoccupation vitale de ces êtres. A notre époque, les moyens de communications modernes nous permettent de connaître d'autres cultures, d'autres civilisations, donc d'enrichir notre vision du monde.

    L'enseignement contemporain peut donc s'exprimer de manière totale, sans avoir de blocages majeurs de la part des hommes du vingtième siècle. Seuls des individus attachés, liés à des groupes, auront des difficultés de compréhension, cela en raison même de leurs attaches qui ont conditionné leur esprit. C'est sans doute la première fois qu'une expression aussi dépouillée a lieu, et pour cette raison, ce mouvement, cet "enseignement" engendrera la naissance d'une véritable révolution spirituelle. Cet élan n'a besoin d'aucune cérémonie, d'aucun rite, d'aucun symbole obscur, et surtout pas de hiérarchie. C'est un mouvement où on ne prétend pas apprendre l'amour, ni la "méditation", mais où on est soi-même quelque chose d'immense. Seule l'existence de plusieurs être libres peut éviter l’écueil   à un tel mouvement, sinon les idolâtres viendront et le pouvoir s'emparera rapidement de tous.

 

    Le vieil homme est mort, mais cela existait avant et cela existera après. Néanmoins l'expression est totalement novatrice : le vieil homme enseignait assis à l’occidentale, le dos droit, les mains posées à plat sur les cuisses. Cette position est connue. Il existe en Asie une légende concernant le Bouddha du futur. Les statues et peintures représentant cet être indiquent pour la plupart, une position assise à l'occidentale, exactement identique à la position du vieil homme. Mais la position est secondaire, ce qui est important, c'est l'enseignement, et cet enseignement est totalement révolutionnaire. Le Bouddha du futur n'est plus dans un lointain avenir, cela est de notre temps et son enseignement est contemporain. Le nom de cette légende qui n'en est pas une, est Maitreya, et cela ne correspond pas à un être unique. Cela correspond à l'expression indissociable de plusieurs êtres, c'est la révélation d'un "enseignement" spirituel complètement différent de tout autre enseignement.

    Serait-ce l'expression d'un océan infini, fait de myriades de gouttes d'eau, certaines visibles et présentes, d'autres absentes et à venir ?

    Mais qu'importe les gouttes, seules demeurent l'immensité de l'océan et la formidable vie qu'il apporte au monde.

 

 

  * J.Krishnamurti, Saanen été 1985.

 

     Paul Pujol, "Senteur d'éternité"

     Editions Relations et Connaissance de soi

     Le regard Maitreya, pages 136 à 144.   

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