13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 11:18

 

                       

 

 

 

     Un être libre n'est ni d'Orient, ni d'Occident, il se situe bien au-delà de ces points de vues partisans. La liberté ne peut en aucun cas se limiter à une partie du monde, elle englobe et dépasse les différents conditionnements dus aux cultures et traditions humaines.

     Il s'agit d'avoir une vision globale de la vie. Si on fractionne le monde en Occident et en Orient, on divise et on sème le germe de conflits entre les hommes.

 

     Les occidentaux conçoivent volontiers que leurs propres religions les ont conditionnés, mais pour beaucoup ils estiment grandement les religions et traditions Orientales. Ils les tiennent comme bien supérieures, et croient que les différentes approchent proposées peuvent assurément les déconditionner. L'exotisme devient facteur de vérité, ce qui vient d'ailleurs semble souvent plus beau, plus plaisant, et parfois plus vrai.

     Les orientaux quand à eux estiment grandement leurs religions et tiennent pour assez peu sérieuses et intéressantes les religions de l'Occident. Ils se croient volontiers supérieur aux autres êtres humains, et ne conçoivent pas que leurs traditions spirituelles puissent les conditionner. Mais peuvent-ils aborder la vie, sans citations de grands maîtres et sans citer les sutras des textes sacrés? Sont-ils libres de leur savoir ancestral?

    

     Une tradition millénaire parait source de vérité, mais en est-il vraiment ainsi? Ce qui est ancien est-il vrai? Chaque nouveau printemps dément cette affirmation, et la nouvelle fleur qui s'ouvre à la vie parle de bien autre chose.

     Les traditions sont comme des musées, ont y visite de vielles choses empoussiérées de savoir et de temps.

 

     Un esprit libre est neuf, frais, il est vierge de toute référence et de toute tradition. Car il est primordial de voir par soi-même, vis à vis du passé on n'est pas amnésique mais on demeure libre de la mémoire et du temps.

     Seul un tel esprit peut créer un monde entièrement différent, totalement nouveau, car cet esprit est profondément créatif.

     Au sein même de la vie, au cœur de la continuité du monde, il engendre l'apparition de ce qui n'a jamais existé auparavant. La véritable création c'est cela, c'est la naissance de quelque chose d'entièrement nouveau, c'est la rupture avec le fil de la continuité, c'est la brisure du temps.

    

     La véritable création est le mouvement même de la liberté. Un esprit libre, c'est comme un autre monde, inconnu, immense et sans fin.

 

 

 

     Paul Pujol

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 13:38

 

Ecole-de-Brockwood, le-Grove-et-les-environs. 

 

 Trévoux le 13 janvier 2015

   

 

    En ces temps qui sont, nous dit-on troublés, et où la liberté d'expression est menacée, il me semble important de favoriser plus que jamais les échanges, les réflexions et les contacts en dehors de tous fanatisme et dogmatisme d'où qu'ils viennent.

     Mais soyons bien conscient que ces temps qui sont les nôtres ne sont pas plus troublés que d'autres temps, c'est une hypersensibilisation de l'instant qui nous fait croire cela. Nous n'allons pas faire ici un inventaire de la souffrance humaine, mais la souffrance des hommes est aussi vieille que le monde. Ce qui n'est absolument pas une raison pour accepter sa laide existence.

   

     La violence nait de la séparation, du fractionnement de la société et des hommes. On considère les hommes justes sous une forme symbolique, religieuse, nationale, politique ou autre. Le symbole compte plus que l'être humain, car il est plus facile de contrôler, de dominer, et d'imposer un standard, que de cultiver la liberté et le sens critique.

    Le standard a un côté rassurant, il a des limites et des règles précises, il se situe toujours dans une certaine orthodoxie reconnue et acceptée par la société. Le modèle est toujours balisé, limité, en quelque sorte finit dans une fausse perfection. Car la perfection n'existe pas, seul existe le mouvement de la vie.

 

    Le sens critique n'est en aucun cas, juste une critique superficielle qui vise à démonter, à détruire ou à ridiculiser une thèse ou un point de vue. Le sens critique n'est pas la destruction, il est la recherche de la vérité ou de ce qui est juste. C'est mettre en doute ce que l'on nous dit, ne rien accepter sans l'avoir examiné par soi-même.

    Mais cela demande une grande honnêteté, il s'agit d'aller dans cette enquête sans avoir déjà une approche partisane. Si l'on veut juste défendre un point de vue, évidemment on n'aborde pas un être humain pour le comprendre, en fait on se fiche totalement de ce qu'il pense, dans les faits on veut uniquement lui prouver qu'il à tort et on veut le rallier, le convertir à notre cause. Cette attitude n'est pas du tout du sens critique, c'est une approche qui, sous l'apparence du questionnement, vise juste à endoctriner l'autre. Nos arguments sont issus d'une propagande et je suis un propagandiste obstiné.

    Donc le sens critique s'applique également à ce que je pense, peut-être faut-il même commencer par cela ? Mais en disant cela on ne peut pas dire au monde qui nous entoure : "Ne venez pas me voir, laissez-moi, je dois d'abord examiner mes propres idées et superstitions. J'aborderai les vôtres après, dans un second temps." Le monde vivant et changeant nous environne et nous influence ; pendant que j'examine mes vieilles croyances, il en vient sans cesse de nouvelles. On doit examiner ce qui est là devant nous, le fond des anciennes croyances et les contemporaines, le regard doit embraser tout d'une seule vision. Alors peut-être verra-t-on qu'elles ont toutes les mêmes racines, que les nouvelles ne sont que la suite des anciennes, les croyances prennent de nouvelles formes ou couleurs, mais le fond reste identique. Peur, ignorance, superstitions, sentiment de supériorité ou d'infériorité, appartenance à un groupe qui lutte contre tout ce qui lui est différent.

   

     J'ai ma croyance et vous avez la vôtre, nous pouvons vivre côte à côte, sans doute en paix, mais jamais nous ne nous rejoindrons. Jamais nous ne serons un, unis comme des frères d'une même famille. Si nous sommes raisonnables, cela se passera à peu près bien, mais dans le temps il y aura toujours des individus qui diront : " Oui les autres ont des croyances, des religions, elles sont certes respectables, mais notre religion à nous est vraiment supérieure. Elle est plus grande, plus vraie, elle englobe et surpasse toutes les autres."

 

    Les religions, les cultures sont évidemment les enfants de l'histoire et de la géographie, elles viennent du lointain passé de l'humanité. Mais aujourd'hui qu'allons nous faire, nous battre pour faire triompher un point de vue ? C'est effectivement ce qui se passe, non seulement actuellement mais également depuis que les hommes sont sur terre. Allons-nous continuer ainsi ? Nous disputer, nous entre-tuer pour des idées, pour des concepts et des symboles ? Nous nous tuons pour des mots !

 

    Ne peut-on regarder de quoi parle tous ces mots, tous ces penseurs, religieux ou pas, de quoi parlent-ils ? Ne peut-on pas regarder et voir alors par nous-mêmes ?

Nous avons accepté tant de choses, de grandes choses et de très laides, des idées subtiles et d'autre stupides.

    Nous avons la réelle capacité à comprendre par nous-mêmes la vie et toute sa complexité. Mais nous devons nous débarrasser de cette habitude absurde de nous appuyer sur des autorités. Nous ne pensons pas, nous répétons ce que d'autres ont dit. Que cela soit juste ou faux, ce n'est pas le problème, le problème c'est de répéter comme des perroquets les paroles d'un autre.

    Maintenant, dans le domaine qui nous préoccupe (comprendre la vie dans son ensemble, les relations humaines, la souffrance, la violence, le sens réel du religieux), il s'agit d'arrêter de penser mécaniquement comme un ordinateur, comme un automate. Avez-vous remarqué comme un mot ou une phrase nous font réagir immédiatement, sans même qu'on s'en rende compte, on a dit et déroulé tout un argumentaire...Les religions et les politiques sont très, très forts dans ce domaine.

 

    Donc nous devons réapprendre à penser consciemment, avec intelligence, avec subtilité. Penser étymologiquement veut dire "Peser les choses, les apprécier, les évaluer". Nous devons redécouvrir ce bonheur de saisir, de voir par nous-mêmes les choses de la vie, les complexes et les très simples.

    Voir toute l'ampleur du sacré de la vie, n'est pas séparé de l'acte de regarder une simple plante au bord d'un chemin. Cette petite herbe qui est là, dans la lumière du matin, si fragile, gracile, mais tellement belle. Elle aussi est vraiment sacrée. Ce sacré est dans la vie, il est la vie, et il ne réside dans aucun livre, aucun rituel ou dans aucun temple créé par la main de l'homme.

 

    Le sens critique nous fait donc penser par nous-mêmes, de manière consciente. Et si nous allons avec ardeur dans ce voyage, si nous sommes passionnés par la découverte, nous découvrirons qu'à un moment donné l'acte même de penser trouve ses limites. Cela n'enlève rien à la beauté de la pensée, à sa complexité, c'est vraiment un outil tout à fait extraordinaire, soyons très clairs sur ce point. La pensée qui siège dans le cerveau, est un processus biologique que nous pouvons vraiment admirer, il faut rendre hommage à cette création de la vie. La pensée, expression de la mémoire qui réside dans le cerveau est sans doute un des objets de l'univers le plus complexe qui soit.

    Voir toute la beauté de la pensée, c'est bien la comprendre et l'avoir en affection, par cela on perçoit bien ses limites et on peut alors essayer d'aller au-delà. On ne repousse pas la pensée en la condamnant, en la refusant, car elle fait partie intégrante du mouvement de la vie. C'est par la compréhension d'une limite que l'on peut aller au-delà, pas en fustigeant cette limite.

 

    Mais ce n'est pas parce qu'un objet est complexe qu'il n'a pas de limites, et la limite de la pensée c'est le passé, le temps. Elle est issue, bâtie sur les souvenirs, sur la mémoire, la pensée est l'expression de notre passé. Dans ce sens elle est bornée par le temps, elle ne peut engendrer le neuf, car toute son action, son mouvement se fait sur la mémoire. Donc la pensée c'est la continuité, le prolongement de notre histoire.

Maintenant, nous venons de dire quelque chose qui a au moins une conséquence certaine. Ne voyez-vous pas chers amis ? Si la pensée ne fait que prolonger l'histoire, le passé, elle continue l'état des choses en les modifiants, mais elle les continue...

La pensée en tant qu'outil d'investigation du réel, ne peut pas changer ce même réel ! Le mouvement de la pensée ne peut pas changer l'homme, et par conséquent elle ne peut absolument pas transformer la société.

    Chers amis, je vous prie de ne pas accepter cela, mais de voir par vous-mêmes si cela est vrai ou faux.

    La pensée ne change pas l'homme ? Ce qui est certain c'est que les hommes changent très peu, voire pas du tout, il suffit d'un événement pour faire resurgir des comportements violents et parfois barbares.

 

    La question qui vient alors est : "Existe-t-il un au-delà de la pensée, et l'homme peut-il rencontrer cela ?"

    N'y a t-il pas un lien avec le fait de voir par soi-même, directement sans l'intermédiaire d'un autre ? Si on regarde vraiment quelque chose, que cela soit un arbre ou bien une croyance, que se passe-t-il vraiment ? Peut-on aborder cette relation autrement que par la mémoire et donc la pensée ? Ne répondez pas trop vite s'il vous plaît, en disant soit "c'est impossible, on ne peut pas ne pas penser !" ou bien "évidemment qu'on peut le faire, c'est très facile je le fais tous les jours". Cela n'est dans les deux cas qu'une réaction mécanique, automatique à une question posée.    

    Est-ce cela penser consciemment ? Ce n'est pas si simple comme vous le voyez, n'est-ce pas ? Les pensées en quelque sorte s'imposent à nous, elles jaillissent dans notre esprit sans notre demande. Et nous parlons alors sans avoir vraiment conscience de ce que nous disons...

    Regardez bien, ce qui est décrit maintenant, est-ce un fait, ou bien est-ce une idée, une théorie ? Soyons très clairs, est-ce que c'est une idée, ou bien est-ce que nous voyons vraiment quelque chose ?

    Est-ce une idée ou bien est-ce une vision ?

    Pour l'auteur c'est une vision, comme tout le texte présent qui est en train de naître sous ses doigts. Pour vous amis lecteurs, à vous de voir, nous ne pouvons ni ne voulons nous prononcer...

 

    Quand la vision existe, tout l'esprit regarde complètement, entièrement, l'attention est totalement dirigée vers ce qui est regardé. C'est une énergie qui est libre de toute forme, elle regarde vraiment directement ce qui se porte à sa vision. Dans cette attention, dans cette curiosité intense, c'est l'objet observé qui compte, qui importe, et pas mes réactions à cette vision. C'est la beauté de ce brin d'herbe, de cette simple plante, qui chante dans l'esprit, cela dialogue avec le cœur même de l'homme. C'est extrêmement sensible, et cela fait en sorte que l'esprit devient totalement silencieux, immobile, comme suspendu dans un autre monde. Dans ce grand silence, le mouvement habituel de l'esprit a cessé, les pensées se sont tues. La mémoire devient inactive, inutilisée, elle est toujours là évidemment (on ne devient pas amnésique), mais l'esprit n'utilise pas la mémoire, il n'en a pas besoin.

    Voilà ce qu'est l'acte de voir par soi-même, il se situe au-delà de la mémoire et du temps, hors du champ habituel de l'esprit.

    Là dans cette perception existe la compréhension, le déconditionnement, mais aussi un espace où tout ce qui vit existe ensemble, sans exclusion aucune. Alors l'acte de voir par soi-même devient l'acte de voir ensemble, d'apprendre ensemble. Sans hiérarchie, sans dogmes et sans autorités, je pense tout à fait sincèrement que "voir ensemble, vraiment c'est vivre ensemble".

 

    Vivre ensemble, c'est découvrir la vérité ensemble, tout le reste n'est que distractions superficielles.

 

     

    Paul Pujol

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 14:32

 

21 11 11

 

 

  Le 22 avril 2011

 

    Qu'est-ce que la spiritualité laïque ? Beaucoup en parlent, et décrivent leurs points de vus, certains font la différence entre la religion, les religions et cela. Mais qu'est-ce que cela veut dire, cela a-t-il même un sens, qu'est-ce donc que la spiritualité laïque ? Pourrions-nous essayer de voir un peu plus clair dans cette "nouvelle" approche ?

    En premier lieu il paraît surprenant et peu opportun de mettre ensemble les mots "spiritualité" et "laïcité". Nous avons ce sentiment car la laïcité c'est justement la séparation entre le religieux et la société civile, plus exactement entre le pouvoir politique et les religions organisées.

  Le monde politique n'est pas affilié (dans la théorie) au monde religieux, et une société laïque n'intervient pas dans le domaine de la foi ou de la croyance. Par contre elle veille à ce que l'expression de toutes les religions puisse se faire, sans normalement favoriser l'une ou l'autre de ces expressions. Il est évident que dans la réalité, il en est tout autrement, et chaque individu a ses tendances, sa culture, et parfois sa croyance. Mais l'idée principale, c'est la séparation des pouvoirs, la politique d'un côté et les religions de l'autre, sans connivence possible et sans mélange des genres.



  Donc la laïcité c'est en quelque sorte, un système qui veut garantir l'égalité entre les religions, avec une volonté de non ingérence de part et d'autre. Si nous regardons bien tout cela, nous voyons que lorsqu'on parle de religions, nous parlons naturellement des religions organisées : le catholicisme, le judaïsme, l'islam ou le bouddhisme, et bien d'autres encore... Par religions organisées, nous entendons une structure avec des préceptes, une hiérarchie, des rîtes et des symboles ; c'est un système avec une orthodoxie officielle. On peut simplifier en disant, que ces mouvements proposent des méthodes, des voies à suivre, avec tout un système basé sur des récompenses, le paradis ou la félicité, et sur des châtiments, l'enfer et la damnation.

  Cela se traduit dans les faits, par une pression sociale et culturelle, qui tend à imposer la conformité et la soumission à la religion prédominante. La laïcité vise à neutraliser cette pression, et à créer un contre pouvoir face à l'éventuelle domination d'un mouvement religieux particulier.



    Maintenant, pourrions-nous examiner ce que veut dire le mot "spirituel" ? Cela vient, comme chacun le sait, du mot esprit, qui lui-même vient du mot souffle. Par esprit, on comprend tout ce qui à trait à la pensée, la mémoire, les sentiments, les émotions, les jugements, qui sont liés aux perceptions, aux théories, aux idées, bref à toute notre vie d'être humain. Sans "esprit", que serions-nous ? Des automates, des machines ou des animaux régis par leurs seuls instincts ? Le raffinement de la culture vient de cette vie intérieure, de la vie de l'esprit. On peut dire aussi que la véritable intelligence naît de cela.

    Mais ce tableau est-il exact, réel et complet ? Certes les hommes ont créés des choses magnifiques : des tableaux, des sculptures et des cathédrales grandioses ; le monde médical invente des outils merveilleux, l'homme va dans l'espace. Mais n'oublions pas les guerres, les tueries, les massacres au nom de la patrie ou de Dieu. La barbarie semble toujours sous-jacente aux activités humaines ; la compétition, la loi du plus fort, le faible méprisé et écrasé, le frère contre le frère. Partout cette violence, cette lutte et cette cruauté.

    Donc l'esprit crée la culture et son raffinement, mais il crée aussi les guerres et la violence qui ronge le monde. Et nous voyons que cette violence, qui peut être aussi économique, domine et mène le monde. C'est un fait incontournable. L'être humain vit dans une société qui crée des conflits et le brutalise sans cesse. Mais qu'est-ce que la société ? Est-ce une chose séparée de nous, est-ce une entité autonome, un organisme qui vit par lui-même ? Qu'elle est notre relation avec cette société ? Nous en sommes issus, nous en sommes les produits, culturellement, religieusement et politiquement. Étant les enfants de ce monde, notre comportement et notre manière de vivre viennent des valeurs inculquées par ce monde. Nous représentons cette société et en vivant nous prolongeons cette société avec son cortège de malheurs et de misère. L'homme est un produit conditionné de cette société ; il en est le fruit, et par son action il prolonge et accentue le désordre de cette même société. L'environnement conditionne l'homme, et l'homme conditionne la société ; cela est un cercle fermé, et c'est un cercle de souffrances et de peines sans fin.

    L'homme peut-il briser cette souffrance, peut-il se déconditionner ? On peut admettre la souffrance et aménager sa vie avec, en se satisfaisant de temps à autre d'un peu de joie, d'affection et de plaisir partagés. Certains pensent même que la souffrance est nécessaire à la création, mais d'où vient cette attitude ? L'homme accepte cette souffrance, dans le sens où il pense que : "c'est inévitable, qu'il n'y a rien à faire". Autant bien le prendre et voir si il n'y a pas des avantages à cela, alors un artiste dit "quand je souffre, c'est là ou je crée le mieux...". Les Chrétiens disent, "Jésus, par sa mort et sa souffrance sur la croix a racheté les péchés du monde..." Bref on accepte la souffrance, puis on la sanctifie et ensuite on lui donne une grande valeur morale. Mais voyons-nous ce que nous faisons ? Voyons-nous toute l'immoralité d'une telle attitude ? C'est une réelle folie, un poison que l'on met dans le cœur des gens. Ce type d'attitude est typique du conditionnement de notre société ! Il y a quelque chose est anormal, puis avec des arguments on rend cela acceptable et on en vient même à dire que c'est très utile, voir souhaitable. On ne veut plus mettre un terme à la souffrance, on lui trouve même des qualités, puis on recommande pratiquement de souffrir. Voyons-nous ce revirement de situation ? Le problème est valorisé, au lieu d'être résolu...



    Disons le fermement : "la souffrance est inacceptable, de même la violence et la barbarie humaine". Ces choses doivent et peuvent finir ; cela est impératif, tout autre attitude relève de la folie et de la propagande du siècle. Donc devant ce constat, l'homme devient responsable et il ne rejette plus la faute sur la société. Chacun crée cette société, nous sommes cela. Donc qu'elle action reste-il pour l'homme qui vit dans cette société, qui doit travailler, nourrir sa famille, payer ses impôts ? S'il agit superficiellement, comme nous l'avons vu, son action serra uniquement la suite et la continuité de ce monde, et donc la souffrance perdurera. L'homme alors s'interroge sur sa manière d'agir, de voir et de concevoir la vie ; il regarde ce que sont ses valeurs propres. Il examine donc ce qu'est son esprit, avec ses pensées, ses sentiments, ses idées, ses théories ; il les examine non pas pour s'auto-sanctifier, mais il les examine, il les regarde pour voir si elles sont justes, si elles sont vraies. Voilà comment naît ce que l'on nomme "la connaissance de soi", c'est à dire l'étude des mécanismes de la pensée et de l'esprit.

    Si on veut approfondir tout cela, on voit qu'il ne s'agit pas de rejeter superficiellement les religions (par exemple), tout en gardant leurs outils : prières, méditations, mantras et autre techniques. Beaucoup de personnes qui s'intéressent à la spiritualité, disent ne pas dépendre des religions, mais elles fonctionnent sur les valeurs établies par celles-ci. Si on considère que les religions organisées ont fait fausse route, si on s'en écarte, il faut remettre à plat leurs moyens d'investigation du réel. Et la toute première chose dont on se rend compte, c'est que toutes disent avoir découvert le chemin vers la vérité (pour ne pas dire vers Dieu). Elles proposent toutes un ensemble de systèmes qui permettent à l'adepte, petit à petit, de s'approcher du but fixé. Elles possèdent toutes des méthodes progressives, avec différentes étapes, des expériences vécues et de nombreuses croyances. Partout il y a des dogmes infaillibles que l'on ne peut contester. Le questionnement dans les religions orientales, bouddhisme ou hindouisme, est devenu purement formel et ne concerne, plus du tout, les fondements même de la religion. On parle et l'on questionne, mais juste pour avoir des informations par rapport au culte ou aux écritures, on ne cherche pas véritablement par soi-même.

    Les techniques visent en fait à avoir des expériences, à vivre certaines choses ; mais qu'est-ce donc que ces découvertes, sont-elles l'expression de la vérité ? Ou bien ne sont-elles pas l'expression de l'avidité de l'esprit qui se veut extraordinaire ? Une expérience extatique, ou autre, donne un sentiment de "différence" à l'esprit, et très vite après la "différence", vient le sentiment de "supériorité". Quel vécu extraordinaire ! Alors l'esprit se sent extraordinaire, en fait il se sent supérieur aux pauvres êtres humains qui ne vivent pas tout cela.

    Mais si on regarde attentivement tout ce processus, on voit bien que ces "expériences" correspondent à ce qui est attendu dans la tradition. Elles servent à valider la progression de l'adepte sur la voie, en fait elles confirment que tel homme est bien conforme à ce qui a été défini par d'autres, par ceux qui savent : les prêtes ou bien les maîtres. Donc celui qui fait ces expériences rentre dans le moule de la tradition ; en fait il se soumet à l'autorité. Excusez-moi, mais ne serait-ce pas ce que l'on nomme un "lavage de cerveau" ? On accepte un conditionnement, puis on expérimente par le vécu le réel de cette foi. Mais le réel n'est pas la vérité. Les religions sont très réelles et nombreuses, mais sont-elles l'expression de la vérité ?



    Donc l'homme se met en mouvement, il n'accepte rien de ce qu'on lui dit, il regarde et examine par lui-même toute chose. Existe-t-il dans l'être humain une capacité à découvrir ce qui est vrai, à séparer le vrai du faux, et à voir le faux pour le faux ? Pour savoir si cela existe, il faut bien comprendre comment nous fonctionnons, quel est le mécanisme de la pensée, de la mémoire ? Comment naissent les émotions, les sentiments ? Si nous ne percevons pas clairement les choses, qu'est-ce qui brouille notre vision ? Quel est ce voile qui opacifie l'esprit ?

    Il faut donc saisir par soi-même, ce qui nous empêche de voir directement et simplement les choses. Par cela on commence à apprendre véritablement, pas dans le sens d'accumuler des informations sans fin, mais on apprend à voir par soi-même, à démonter et mettre fin aux conditionnements de l'esprit. C'est juste le tout début d'une démarche spirituelle ; on regarde ce que sont les pensées, la mémoire, les instincts, et aussi la création d'idéaux, d'opinions personnelles. Puis à un moment donné, après quelques temps d'étude et d'observation, on découvre autre chose que le mouvement de la pensée ou de la mémoire. Ce n'est pas en opposition, c'est un autre aspect de la vie, cela n'est pas du domaine de la pensée et de l'expérience, c'est comme un silence immense qui entre en existence. Au-delà de la mémoire qui se perd dans la nuit des temps, existe un mystère qui semble préexister à l'homme et à la vie, c'est comme un souffle, comme l'essence même de la vie.



    Une démarche spirituelle authentique se doit d'être purement laïque, c'est à dire libre de toutes organisations ou obédiences religieuses. C'est un mouvement de découverte qui n'existe que dans une totale liberté, et cette liberté est l'essence même de la religion.

    Seule cette liberté permet à l'esprit de se déconditionner entièrement et profondément. Alors l'esprit est différent, et la souffrance n'existe plus.

 

 

 

     Paul Pujol, Correspondances.

     Éditions Relations et Connaissance de soi.

     "La spiritualité laïque, ou l'essence de la religion", pages 107 à 114.

 

 

   Une personne amie a traduit gracieusement ce texte en Arabe, qu'il en soit vivement remercié.

   Pour voir l'article traduit par Dimitri Avghérinos sur son blog, suivez le lien:  link

 

 

 

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 15:54

 

La Saône.

 

 

19 novembre 2006  

 

 

 

 Pour le rêveur, le rêve est très réel, il n’existe que cela.

 

 Le rêveur n’est pas séparé du songe ;

 en fait le rêveur « est » le rêve, et le rêve « est » le rêveur.

 

 Le contenu de l’esprit « est » l’esprit lui-même.

 

 De même, celui qui vit dans l’illusion n’est pas séparé de cette illusion ;

 il « est » l’illusion elle-même.

 

 

 

 

 

 

  Paul Pujol, " Senteur d'éternité "

  Editions Relations et Connaissance de soi

  "Le rêve et le réveur", page 161.    

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 10:05

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    L'intelligence n'est autre que le résultat d'une sensibilité sans cesse affinée. L'intelligence est, lorsque l'esprit exprime le fond même du coeur de l'homme, sans le dessécher.

      

  L'intelligence vraie enrichit la sensibilité, elle n'est pas faite de mots, mais de perception et de compréhension. Elle a pour action de se clarifier elle-même sans cesse.

 

 

  L'intelligence résulte d'une compréhension par les sens et par le coeur, par l'attention calme à ce qui est, - et non d'une spéculation intellectuelle, qu'elle soit méthodique, désordonnée, originale ou autre...

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Paul Pujol - dans textes paul pujol