Introduction.
Avant de présenter Krishnamurti, nous tenons à rappeler que nous rejetons toute forme d'idolâtrie. Il s'agit de créer de nouvelles relations entre nous et donc également avec cette personne; il n'est en aucun cas question de créer ici un modèle que l'on suit, un exemple que l'on imite, un idéal à atteindre, et faut-il le rappeler un maître ou un guru que l'on adore.
Il n'y a pas de maître et il n'y a pas de disciple; de même dans l'acte d'apprendre, il n'y a pas d'enseignant et d'étudiant, il n'y que l'action d'apprendre. C'est cette action d'apprendre "ensemble" qui est la base de nouvelles relations, et c'est cette action totalement nouvelle qui peut créer un monde autre.
Biographie simplifiée de J.Krishnamurti.
Jiddu Krishnamurti naquit dans le sud de l'Inde le 12 mai 1895 à Madanapalle dans l'Andhra Pradesh, à 250 km au nord-ouest de Madras (aujourd'hui Chennai). Il fut pris en charge à l'âge de quatorze ans en 1909 par la Société théosophique, qui voyait en lui "l'Instructeur du monde", "l'incarnation du Bouddha Maitreya[1]" dont elle avait proclamé la venue. Le jeune Krishnamurti accepta d'abord son rôle de messie ainsi que les croyances, les cérémonies et les rites des gens qui l'entouraient. En 1911 fut créé "l'ordre de l'étoile d'Orient", organisation internationale qui avait pour but de soutenir l'action de l'instructeur, en organisant à travers le monde entier des rencontres, conférences et autres propagandes. "Un bulletin de l'ordre de l'étoile d'Orient" fut créé afin de servir de liaison avec les milliers de membres à travers la planète.
Krishnamurti commença très tôt à faire des conférences, et quelques livres parurent aussi très rapidement. Au début de son expression, il était dans le droit fil de la tradition et des idées théosophiques à tendances Orientales. Mais après la mort de son jeune frère Nityananda en 1925 (qui avait un rôle important, car selon les théosophes il devait seconder l'instructeur dans son action messianique), Krishnamurti commença à s'exprimer de manière différente. Petit-à-petit, il s'éloigna de l'orthodoxie de la Société Théosophique. Ces causeries et écrits se détachaient lentement, mais sûrement, des visions traditionnelles.
Le 3 août 1929, devant 3000 membres de l'ordre réunis à Ommen en Hollande, il répudia avec fermeté l'image messianique de "l'instructeur du monde", il prononça de manière iconoclaste la dissolution de "l'ordre de l'étoile d'Orient". Il déclara alors "la vérité est un pays sans chemin", dont l'accès ne passe par aucune religion, aucune philosophie ni aucune secte établies. Il rendit tous les biens et l'argent liés à cette organisation.
Après avoir pris ses distances avec la Société théosophique, ainsi qu'avec toute autre organisation, Krishnamurti rejeta obstinément le statut de gourou (et cela pendant toute sa vie) que certains voulaient lui faire endosser. Il devint alors un orateur prônant une révolution psychologique radicale, condamnant toute religion, secte ou foi organisée, et ne se réclamant ni de l'Orient, ni de l'Occident. Il parla devant des auditoires importants à travers le monde entier, il pouvait faire par an jusqu'à une centaine de conférences (qu'il appelait lui-même "causeries", le terme conférence lui paraissant trop pompeux). Il ne prétendit jamais être une autorité, et refusa toute relation de soumission, "ni disciple, ni maître". Dans une vraie relation, il n'y a ni enseignant, ni enseigné, il n'y a que l'acte d'apprendre, de découvrir ensemble. A la base de son message, il y avait la conviction que la société ne peut changer véritablement, que si l'homme opère en lui-même une révolution totale de son esprit. L'homme doit transformer sa conscience en profondeur, et cela n'est possible que si l'esprit se déconditionne entièrement.
La connaissance de soi est le socle de ce changement, il faut saisir tout le fonctionnement des pensées, des émotions, des sentiments. Voir comment elles sont le fruit de notre culture, de notre héritage social et culturel, de nos instincts. Voyons-nous comment les conditionnements religieux nous ont modelés profondément, ainsi que le nationalisme (qu'il dénonça très fortement) et l'économie? Avons-nous compris que ces conditionnements ont séparés les hommes, comment ils engendrent des conflits et violences en tous genres, les tueries, les guerres? Peut-on sortir de cette histoire de souffrance? Krishnamurti parla avec passion de l'urgence de trouver une liberté intérieure qui naît quand toutes les prisons psychologiques tombent. De la fin des limites, né quelque chose de non-fini, un espace différent fait de silence et d'immensité. Dans ce silence immobile existe "un état créateur", c'est-à-dire le jaillissement du neuf, de l'inédit, alors l'homme crée un monde autre, totalement différent. Krishnamurti tînt ses causeries, dialogues et discussions pendant toute sa vie, de nombreux livres et enregistrements furent édités en plusieurs langues pendant cette longue période. Le nombre de livres publiés en langue française avoisine actuellement une cinquantaine de livres.
Le 17 février 1986 à Ojai (États-Unis), Jiddu Krishnamurti est mort d'un cancer du pancréas à l'âge de 91 ans. Son corps, comme il l'avait demandé, fut incinéré le jour même, sans hommages, ni cérémonies. Les cendres furent dispersées par des amis proches dans les trois pays où il avait passé la majeure partie de sa vie, L’Inde, l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique.
[1] Maitreya le Bouddha du futur est annoncé dans la tradition Bouddhiste. Voir dans notre précédent livre Senteur d'éternité pages 136 et 162.
Pour consulter la Biographie détaillée, voir sur le site de l'Association Culturelle Krishnamurti : http://www.krishnamurti-france.org/Biographie-detaillee-de-Jiddu
Vous pouvez aussi consulter sur notre site des articles A propos de Krishnamurti , ou bien des Textes de J. Krishnamurti.