Dans quelques jours, nous allons organiser des discussions, et nous pouvons commencer ces discussions ce matin.
Mais si vous vous contentez d'affirmer et moi aussi, si vous vous en tenez à votre opinion, votre dogme, votre expérience, votre connaissance et que je m'en tiens aux miens, il ne peut y avoir aucune réelle discussion parce qu'aucun de nous deux n'est libre d'examiner une question. Discuter, ce n'est pas partager nos expériences l'un avec l'autre. Il n'y a pas de partage du tout : il y a seulement la beauté de la vérité, que ni vous ni moi ne pouvons posséder.
Elle est simplement là.
Pour discuter intelligemment, il doit y avoir une qualité non seulement d'affection mais aussi d'hésitation. Vous savez, à moins que vous n'hésitiez, vous ne pouvez examiner. Examiner signifie hésiter, chercher pour soi-même, découvrir pas à pas, et quand vous faites cela, vous n'avez pas besoin de suivre quelqu'un, vous n'avez pas besoin de demander que l'on corrige ou que l'on confirme votre découverte. Mais tout cela demande beaucoup d'intelligence et de sensibilité.
En disant cela, j'espère ne pas avoir arrêté votre questionnement ! Vous savez, c'est comme discuter ensemble comme deux amis. Nous ne cherchons ni à affirmer ni à nous dominer l'un l'autre, mais chacun parle facilement, de manière affable, dans une atmosphère de camaraderie amicale, en cherchant à découvrir.
Et dans cet état d'esprit, nous découvrons, mais je peux vous assurer que ce que nous découvrons à très peu d'importance. La chose importante est de découvrir, et après avoir découvert, de continuer.
Il est préjudiciable d'en rester à ce que vous avez découvert, parce qu'alors l'esprit est fermé, stoppé. Mais si vous mourez à ce que vous avez découvert au moment où vous l'avez découvert, alors vous pouvez aller avec le courant, comme une rivière qui possède des eaux abondantes.
(Saanen, dixième causerie publique, le 1er août 1965, œuvres complètes, Vol XV, p. 245)