23 janvier 2016 6 23 /01 /janvier /2016 20:00

   

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Pouvons-nous avoir une exploration de l'esprit, qui ne soit pas limitée à des considérations culturelles, traditionnelles et religieuses ? Connaître son esprit pour mieux vivre avec soi et avec autrui me semble être une démarche essentielle. Mais le poids du passé pèse sur notre manière d'aborder cette connaissance de soi, notre approche est conditionnée par nos visions partisanes.

     Une juste compréhension de l'esprit, commence évidemment par la prise de conscience que nous sommes conditionnés. Il ne s'agit pas de dire que telle ou telle culture est supérieure à telle autre, il s'agit de percevoir que notre environnement nous conditionne, pour le pire et le meilleur.

 

     Les traditions sont le résultat de l'histoire et de la géographie, elles sont les enfants du temps et ont germé dans les différents territoires du globe. Nous constatons aujourd'hui que ce qui a constitué les nations, ce qui a construit les cultures, devient source de conflits et de guerres en tous genres. Chaque pays, chaque religion veut dominer l'autre, chacun veut convertir celui qui est différent. Tous se sentent supérieurs, et tous créent ce monde de chaos.

     Ne peut-on découvrir une autre relation aux autres ? Une relation qui ne soit pas conflictuelle, qui ne soit pas cette volonté absurde de persuader l'autre, de le convertir à notre point de vue, que cela concerne la religion, la politique, l'économie ou tout autre chose...

 

     Nous sommes conditionnés par notre environnement social et culturel, c'est une évidence. Mais qu'est-ce que cela veut dire "être conditionné" ?

     Cela est finalement assez simple : On vous pose une question (comme un défi) et vous répondez du tac au tac, instantanément, les phrases sortent de vous, sans même que vous en aillez une pleine conscience. C'est comme un argumentaire bien rodé, une répartie automatique de votre part. On voit bien ce processus dans les religions et aussi dans le monde politique ; pensent-ils par eux-mêmes, vraiment ?

     Pensons-nous par nous-mêmes ? Est-ce si sûr, ne répondons pas trop vite s'il vous plaît !

     Ne répétons-nous pas plutôt ce qui nous a été dit, par d'autres, par les autorités, les spécialistes ? Avons-nous examiné ce qui nous a été dit, avons-nous scrupuleusement observé et vu, si cela était vrai ou faux ?

     L'homme est très souvent un perroquet savant, une chambre d'écho des découvertes d'autrui.  Nous mémorisons sans arrêt, mais la vie ne se résume pas à cela, sinon il n'y aurait pas de création, de nouveauté dans le monde.

 

     Les traditions, religieuses ou autres, sont les représentantes du passé, elles sont forgées par lui et elles désirent le perpétuer. Celles-ci ne désirent pas changer l'homme, cela n'est pas leur raison d'être profonde. Le moteur de leur action c'est la volonté d'avoir de plus en plus d'adeptes, d'acquérir de plus en plus de pouvoir, et d'essayer le plus possible de dominer le monde. Regardons notre monde tel qu'il est et voyons bien ce malheureux constat, notre monde est un chaos de lutte et de violence.

 

     Alors que pouvons-nous faire, continuer la lutte pour dominer autrui ? Seul les plus fous pensent que cela est une bonne manière de vivre. Mais pouvons-nous faire autrement ? Pouvons-nous nous déconditionner, avoir une relation qui soit libre avec le passé et avec les traditions ? Pouvons-nous être libres du poids du passé ?

 

     Nous savons que l'homme peut se déconditionner, nous avons vu des êtres humains sortir du monde politique, d'autres se libérer du carcan de la religion. Il y a eu l'esprit des lumières en Europe qui a décrispé l'étau de la noblesse et de la religion sur la société. Des pays entiers sont sortis de la dictature d'un tyran, le mur de Berlin est tombé à une telle vitesse. On voit que malgré le passé lourd et mortifère, les hommes et les choses changent, c'est indéniable...

     Mais aujourd'hui qu'allons-nous faire ? Il ne s'agit pas de changer de religion par exemple, mais de découvrir l'essence même de la religion, le sens du sacré. Découvrir s'il y a quelque chose qui ne dépend pas d'un conditionnement spécifique, d'un point de vue occidental ou oriental.

 

     Découvrir cela, c'est vraiment créer une toute nouvelle culture. Culture qui n'est pas la suite des nombreux hier, mais bien quelque chose de vivant et de libre. N'étant pas lié à une culture en particulier cela peut toucher chacun, par cela nous découvrons ce qui unit profondément l'humanité. La religion dans le sens le plus libre, le plus pure, c'est ce qui réunit l'humanité entière. Dans ce sacré, la vie est une et indissociable.

     Il faut naturellement rester très prudent, veiller à ne pas reproduire les vieux schémas. Il ne s'agit pas de créer une pensée unique, un nouveau dictat religieux ou social. Cela peut être évité si l'homme ne retombe pas dans la création d'une (nouvelle) orthodoxie, avec ses règles et ses teneurs de l'ordre établi. Il n'y a pas à avoir de gardien du temple, car la vie n'est dans aucun temple, et il n'y a pas de textes sacrés, c'est la vie qui est sacrée. Nous idolâtrons les textes qui ne sont que des descriptions, des indications, et nous ne regardons pas la chose décrite. Nous adorons l'image de la vie et nous ne voyons pas la vie elle-même.

 

     Explorer et découvrir ce qu'est l'esprit est essentiel, et cela doit se faire en totale liberté. Le poids du passé doit être levé, afin d'aborder tout cela avec un cœur léger et frais. Redécouvrons ensemble la beauté profonde de la vie, il ne tient qu'à nous de faire que ce monde soit totalement autre.

     La spiritualité laïque peut peut-être nous aider à créer cette nouvelle culture, une grande culture de paix entre les hommes.

 

 

     Paul Pujol

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