16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 09:04
Texte d'une conférence: Krishnamurti esprit insoumis, esprit libre.

 Voici le compte rendu écrit de la conférence qui a eu lieu le 24 janvier 2010 à Trévoux.
Ce travail de retranscription n'aurait pas été possible, sans l'initiative d'une amie, qui a pris de nombreuses notes lors de l'intervention. Je tiens aussi à signaler qu'une autre personne a bien voulu relire et corriger les fautes d'orthographe et de ponctuation.
Ces deux amis ont voulu garder l'anonymat, mais je tenais à vivement les remercier.


Vous excuserez j'espère la longueur du texte, mais je n'ai pas voulu couper le développement de l'intervention, en vous remerciant par avance de votre indulgence.
     

   Thèmes de la conférence: Krishnamurti "Esprit insoumis, esprit libre". 

  
   La connaissance de soi, profonde et authentique, ne peut-être que si l’homme demeure libre de toutes idéologies, qu’elles soient traditionnelles ou contemporaines.

   Krishnamurti nous invite à voir que toute soumission à un modèle, un exemple ou un maître à penser, entraîne inévitablement confusion et douleur.

    ____________________________________________________________

  

 

      Avant toute chose, il est important de préciser que l’orateur ne représente pas Krishnamurti, personne ne peut parler en son nom. Krishnamurti n’a pas d’interprètes, et il n’y a aucune autorité dans ce domaine. Ce qui est exprimé lors de cette intervention n’engage que l’orateur lui-même, cela est très important.
 

   Pouvons nous voir que dans la société, il y a de très nombreuses idéologies, religieuses, philosophiques, politiques, psychologiques ?  Quand l’homme adhère à une idéologie, il se sépare des autres ; et chaque groupe a naturellement son idéologie propre. Voyons bien que ces différents groupes divisent la société, ils s’observent et se scrutent derrière leurs certitudes.

  Et après la séparation, nous voyons venir la volonté de convaincre l’autre, de le convertir. Donc la division mène inévitablement aux tensions, aux conflits de toutes sortes.

  Mais qu’est-ce qu’une idéologie ? Essayons de définir ce terme, voulez-vous ?

  Une idéologie, c’est un ensemble d’idées, un ensemble de points de vue, politiques, religieux, culturels, sociaux ou autres…... Par exemple, le communisme vient de l’observation de l’exploitation des masses populaires par le monde patronal, ou par les classes dirigeantes. La perception d’un fait sert de base à l’idéologie, celle-ci part toujours d’un constat, d’une observation, suivis de conclusions, et enfin se crée un point de vue global concernant le sujet.   Il y a ensuite une cohérence de développée, puis l’homme met en place une force de persuasion, ayant pour conséquences un rapport de force avec autrui, avec celui qui n’est pas du même bord.

  Plus on est habile à manipuler autrui, plus on soumet autrui à notre idée.

 

  Donc les idéologies ne servent pas uniquement à expliquer le monde, elles désirent aussi le changer, agir sur lui. Elles créent un savoir, une connaissance ; en fait, tout ceci est non seulement une stratégie de compréhension, mais également une volonté de transformer les conditions extérieures de la vie. Mais dans la réalité, cela sert surtout de propagande afin de rallier des personnes à une cause, et avec l’argumentaire crée, on obtient alors leurs soumissions et leurs obéissances.

  L’idée suit l’observation d’un fait, ou plutôt c’est l’expérience qui est mémorisée, et à partir cette mémoire, la pensée va entrer en jeu.

  Mais pouvons-nous poser une question : est-on obligé de faire un commentaire suite à l’observation d’un fait ? Ne pouvons-nous pas rester simplement avec le fait ?

 La mémoire d’un sourire n’est pas un sourire, n’est-ce pas ? Je connais ma femme, mon voisin, je connais surtout l’idée que je me fais de cette personne. Dès que l’esprit a une idée, une croyance, il cherche à les confirmer par l’expérience. Voyons bien que l’autre a aussi ses propres idées, naturellement différentes des miennes. En fait, les images intérieures de chacun entrent en rapport, mais on est rarement en relation directe les uns avec les autres.

  Chaque croyance, chaque idéologie divise la société, la fractionne, voyez ce que fait le nationalisme à travers le monde….

  Dès qu’il y a séparation, division, il y a création de camps, de parties ; et ces fragments se confrontent mutuellement, et cherchent à imposer leurs points de vue aux autres fragments. Il s’en suit un grand désordre, une grande violence, et en fait nous semons les graines de la barbarie humaine entre-nous, n’est-ce pas ?

 

  Ce qui accompagne les croyances ou les idéologies, c’est la constitution d’un groupe ; plus ou moins important, plus ou moins habile. Mais une fois qu’il y a une construction mentale stable, vient toujours la création d’un groupe, d’une religion, d’une secte, d’un parti politique ou autres ……Peut-on dire que nous reconstruisons une nouvelle appartenance tribale ? Il semble bien que oui.

  Mais pourquoi adhère-t-on à un groupe ? Serait-ce pour fuir sa solitude, son isolement et aussi sa pauvreté intérieure ? On est perdu dans ce monde de chaos, on ne sait que faire. Alors le groupe, la religion, la nation, avec sa cohérence, sa propagande ses réponses toutes faites, ce groupe me rassure, et il me donne confiance et force. En son sein, je ne suis plus perdu.

  Il semble qu’il en soit partout ainsi de par le monde, les hommes seuls, véritablement face à eux même sont très, très rares. N’est-ce pas ?

  Nous voyons en fait que dans un groupe de personnes constitué, la cohésion se fait en parlant et en répétant, encore et encore, la propagande de base, cette répétition est  comme une maladie qui ronge les esprits.

  Mais ce processus est basé en premier sur notre envie viscérale de commenter, cela semble un besoin vital pour l’esprit ; il faut qu’il commente en permanence ce qu’il voit autour de lui.

 

  Pourquoi l’esprit humain a-t-il tellement besoin de commenter les choses qui lui arrivent ?

 

   Apparemment, il lui est nécessaire de traduire la vie en pensées. L’être humain a un attachement très fort aux commentaires ; serait-ce pour se sentir intelligent, instruit ? Cette connaissance donne un certain pouvoir, nous pouvons nous différencier des autres : «  Mon commentaire est bien plus intelligent que le vôtre! »    

  Nous voyons assez bien ce processus, qui vise à s’affirmer, mais aussi et surtout à s’isoler des autres. A ne fréquenter que ceux qui pensent comme moi, et même parmi mes amis, il y en a certains avec qui je suis plus proche. Donc même dans le clan, il y a des préférences et donc des divisions, la séparation est aussi présente dans ma famille, dans mon pays, et dans ma religion.   

  Il semble nécessaire maintenant de voir ce qu’est penser. Qu’est-ce que la pensée ? L’acte de commenter la vie, se fait par le mouvement des pensées, c’est un mécanisme qu’il est important de comprendre profondément.

 

  Donc qu’est-ce que la pensée ?

  Comme nous l’avons vu, il y a d’abord l’expérience, la sensation, puis la mémorisation de l’événement. Quand une nouvelle expérience se profile, l’esprit ressort la mémoire de l’événement, et la pensée prend vie et se forme.

  La pensée c’est l’expression de la mémoire ; voyons-nous bien cela, est-ce un fait ou une idéologie ? Il faut simplement voir les choses telles qu’elles sont, et voir aussi que sans la  mémoire il n’y aurait pas de vie, et comprendre que la pensée est aussi un outil merveilleux.

  Quand l’esprit enregistre, c’est donc tout à fait normal, c’est le fonctionnement du cerveau, sans mémoire et sans pensées, nous ne serions pas ici en train de parler ensemble. Mais voyons que la mémorisation devient une chose plutôt fixe, notre souvenir est relativement figé, alors que la vie n’est que mouvement. Tout change constamment dans le monde, et pour être tout à fait exact, le souvenir est mouvant également, mais il se meut dans l’esprit, alors que l’événement vit dans le monde.

    Lorsque l’homme pense au monde, il pense à « son monde », et le monde lui, est bien différent de ce que l’homme pense; par son action l’homme essaie de conformer le monde à l’image qu’il en a. De même que la société doit correspondre à ce que je pense d’elle, de même l’autre doit être conforme à mes plans intérieurs, à mes idées et à mes croyances. Nous voyons par là que nous agissons comme des petits « dictateurs », le monde doit être conforme à mes projets, je veux qu’il se soumette à mes idées….

 

  Donc ce qui est extérieur ne nous intéresse que pour confirmer nos points de vue, en fait le monde ne nous intéresse pas du tout ; nous l’utilisons pour nous glorifier nous-mêmes. Nous utilisons les expériences, les contacts avec la vie, uniquement pour valider nos conceptions.

Et puis-je vous demander de quoi parlent ces conceptions, toutes ces idées subtiles que cultive l’esprit ? Elles parlent bien évidemment de l’homme, du « moi », ou du « je », l’esprit se sanctifie lui-même constamment.

  Mais voyons bien ce qui se passe réellement, l’esprit à une idée assez figée de la vie et des autres, et pourtant la vie est sans cesse changeante, sans cesse mouvante. Et donc mes idées vont entrer en friction avec les événements de tous les jours ; l’idée de mon épouse va se heurter à mon épouse telle qu’elle est, et en permanence la vie va se confronter à mes croyances internes.

  A ce niveau, nous ne sommes pas conscients que l’esprit ne voit, et n’enregistre les faits que  teintés par ses croyances et ses a priori. Cela toujours dans le but de fortifier ses constructions internes mentales. Donc percevons-nous que nous ne voyons le monde qu’au travers de nos idéaux, est-ce réel, ou est-ce encore une autre idée ?

 

  Si cela est perçu, la question suivante est : L’esprit peut-il voir directement quelque chose, c’est à dire sans l’intervention de la pensée ou de la mémoire ?

Si l’on est attentif, ce qui compte c’est ce que l’on regarde, c’est l’objet de mon attention qui compte, et pas mes commentaires sur l’objet.

  Donc qu’est-ce que l’observation ? Si l’on observe profondément quelque chose, l’esprit est très attentif à ce qu’il regarde, seul compte ce que j’ai devant moi, cet arbre, cette rivière.

Si je suis vraiment dans l’attention, je ne commente pas ce que je vois, je l’observe pour lui-même, je le regarde intensément ; je vois la lumière sur l’écorce de l’arbre, la couleur de feuilles délicates, alors le mouvement des pensées s‘apaise tranquillement, le cerveau se fait plus silencieux. Voyons que si l’on est très, très attentif, profondément, alors se met en place un véritable silence intérieur, l’esprit alors est immobile, là, dans cet état nous ne faisons qu’un avec ce qui est observé.

  Nous voyons le monde tel qu’il est réellement, sans fard, ni détours.

  Et nous constatons aussi, que l’action de ne pas penser, est aussi naturelle que l’acte de penser lui-même. Il est important de laisser de l’espace dans l’esprit.

 

  Pourrions-nous revenir au monde dans lequel nous baignons, ce monde de misère et de violences qui nous entoure ?

  Quel lien y a-t-il entre ce que nous venons de dire, et ce monde brutal et cruel ?  Il règne la violence en ce monde, mais suis-je véritablement différent de ce même monde ? Je suis formé par ce monde, par la société, la culture, par la religion de mon pays ; je suis le produit de ce monde, j’en suis le représentant, et par conséquence je porte et je suis cette même violence.

  De par le monde, chacun aspire à vivre en paix, mais personne n’arrive à vivre cela, la paix sur terre aux hommes de bonne volonté….. On cherche la paix, mais on crée le contraire, y aurait-il un dysfonctionnement dans l’esprit humain ?

  Peut-on créer cette paix, quand on porte la violence du monde en soi, n’est-ce pas là le dysfonctionnement de l’esprit humain ?

 

  D’où pour certains le désir de comprendre, et de remédier à ce dysfonctionnement. Nous n’avons pas de mal à voir que notre violence vient du monde dans lequel nous vivons, par contre nous n’acceptons pas que l’on nous dise que cette violence nous a conditionnés. La société nous a conditionnés, par des siècles de propagande, de pressions, de persuasions diverses. Nous sommes totalement formés par le monde, et notre mode d’action est lui aussi le résultat de ce processus.

 

  Donc vient la question suivante, y a-t-il une action qui puisse déconditionner l’esprit ? Mettre fin à ce disfonctionnement ?

 

    Il nous faut bien observer, ce qu’est par exemple la croyance, quels sont ses tours de passe passe, et comment elle se joue de l’esprit.

  Voyons bien que la croyance entraîne l’expérience. Comment se fait-il qu’un croyant voit partout la confirmation de sa croyance ? Est-il uniquement dans un simple délire, une hystérie religieuse ou bien expérimente-t-il vraiment ce qu’il dit ?

  Pouvons-nous bien regarder ce qui est, dans la grande diversité de la vie, tout est présent. Mais le croyant ou l’idéologue cherche et trouve partout des preuves extérieures de ses idées. Si vous idolâtrez les nuages, le ciel vous comblera, si vous choisissez certains mots particuliers, votre œil les verra et les trouvera partout et dans de nombreux livres. L’esprit considérera alors ces expériences comme des faits incontournables, comme des preuves indiscutables de la justesse de sa foi.

  Mais les nuages ont toujours été dans le ciel, et les mots découverts étaient là bien avant votre lecture extasiée ; votre perception est déformée par votre pensée et tout ceci n’est que mirages illusoires et vues de l’esprit.

 

  Pourquoi un malaise s’installe-t-il si l’on vous démontre votre erreur ?

  Pourquoi cette résistance devant cette explication simple de l’illusion de la croyance ? Quand on choisit une voie, on ne veut pas être dérangé, pas être remis en question ; en fait, on veut juste un système soporifique qui endorme l’esprit, afin d’oublier la souffrance et la peine de la vie.

  Avons-nous remarqué que l’idéologie est un choix qu’on nourrit ? Il faut lui donner corps avec des expériences, il faut l’alimenter en sensations ; sinon elle reste bien creuse et très, très superficielle. Quand l’esprit à fait un choix, en faisant partie d’une religion, d’un club sportif,  ou d’un mouvement politique, il faut entretenir ce choix.

  L’attention est-elle différente du choix ? Pouvons-nous voir cela ensemble ?   

  L’attention, quand elle est en place, regarde ce qui est ; pouvons-nous observer cela : elle regarde ce qui est, sans faire un choix, le choix étant l’acte de la volonté, qui décide de regarder quelque chose en particulier,  et rejette ce qui est autre car inintéressant.

Pouvons-nous voir que l’attention, même si elle regarde un arbre en particulier, elle le regarde toujours en relation avec l’ensemble de ce qui est. L’action se situe toujours en relation complète et totale, sans aucune exclusion.

  L’attention en fait, ne dépend jamais de ce qu’elle observe, ce n’est pas l’objet d’observation qui compte, c’est l’attention elle-même qui importe.

  Et voyons que dans ce non choix, la notion même d’effort disparaît naturellement, l’effort étant le mouvement ou l’expression de la pensée….

 

Pourrions-nous également parler, si cela est possible de la recherche du résultat?

 

  Quand on fait une action, en général on en attend, ou on recherche un résultat. C’est d’ailleurs le propre de la science, qui reproduit des expériences plusieurs fois pour valider des théories exprimées.

  Dans le domaine psychologique, l’homme fait de même ; on agit en espérant telle ou telle chose, j’adhère à une religion en espérant finir au paradis, j’entre dans une société, et j’ambitionne d’en devenir le directeur…Donc quand on agit, on escompte un résultat futur, intérieurement on se projette en s‘imaginant dans telle ou telle situation ; naturellement la plus agréable possible, on ne se projette pas en tant que mendiant misérable.

  La recherche de résultat existerait-elle sans idéologies ? L’expérience religieuse existerait-elle sans la croyance ? Ce sont les idéaux qui nourrissent cette recherche, non ?

 

  En s’échappant vers le futur, l’esprit une nouvelle fois, ne regarde pas ce qui est devant lui ; en fait il fuit le présent.

  Dans l’attention véritable, l’esprit n’a aucun mouvement de fuite, aucun mouvement vers un futur imaginaire, seul compte  ce qui est observé, ce qui regardé.

  Il y a cet exemple que tout le monde comprend parfaitement : quand des musiciens jouent ensemble s’ils sont totalement dans l’action, complètement dans la musique, à un moment donné il n’y a plus de musiciens, véritablement il n’y a plus que la musique qui existe.

  Et chacun « est » cette musique…..

  Là, on ne pense pas au résultat, ni à la confirmation d’une croyance, car on vit intensément et il n’y a plus de questionnement.

 

  Evidemment, quand la musique cesse, les musiciens reviennent, avec tout le reste. La vie reprend le dessus, et rien n’a en fait été changé. Il y a eu cette sensation d’unité, cette sensibilité, mais cela finit et la peine, les plaisirs et le chagrin de la vie sont toujours là.

  Ce sentiment, cette sensation ne déconditionne pas l’esprit ! N’est-ce pas ?

  Si l’on considère un événement comme très important, l’esprit va rechercher la répétition de cet événement, et alors l’homme va partir dans une recherche de plaisirs. Dans la reproduction d’événements passés, le désir va s’emparer de lui, et regardons bien : la joie qui était un instant liée au présent, cette quête va l’envoyer vers le futur imaginaire. Et donc la joie, le bonheur vont devenir «un projet », et ils ne sont plus dans le présent, ils nous échappent déjà…

  Il en va de même pour la liberté, elle ne peut être le résultat de causes ; premièrement car elle n’est pas une chose du futur, elle « est » ou bien elle « n’est pas ». Seul le présent peut la voir fleurir. Et deuxièmement, elle est par essence inconditionnelle, de tel sorte qu’il n’existe aucune condition qui puisse la faire naître, il n’existe pas de bonnes ou de moins bonnes conditions. La liberté n’a pas de causes.

  La liberté, la vérité n’est pas une quête de plaisir, cela ne peut être le fruit du désir. Qu’est-ce que le plaisir ? Est-ce qu’il libère ? Le plaisir ne remet rien en question n’est-ce pas ? C’est juste la continuité de ce qui est, son prolongement…..Et n’est-ce pas aussi, la continuité du dysfonctionnement de l’esprit ?

 

  Alors nous revenons à cette question, qu’est-ce qui va mettre fin au dysfonctionnement de l’esprit humain ?

 

  Krishnamurti nous propose une révolution intérieure totale, une mutation de l’esprit, c’est à dire un événement sans retour en arrière, c’est cela la mutation, un changement profond irréversible.

  Quel est le lien avec tout ce que nous venons d’explorer ? Une mutation, c’est une transformation radicale, mais, pour que cela ne soit pas la suite de ce qui est, « ce qui est » doit d’abord finir……..N’est-ce pas ?

  Donc comprendre profondément le dysfonctionnement de l’esprit, c’est mettre fin « pour toujours » à ce même disfonctionnement ; et si l’on regarde précisément, on voit en fait que c’est l’esprit rempli de confusion qui doit prendre fin, n’est-ce pas ?

  Comprendre quelque chose, c’est d‘abord y mettre fin, voir la prison de l’esprit, c’est dissoudre cette prison, totalement, entièrement.

  Qu’est-ce qui va mettre fin à la confusion ? Au désordre dans l’esprit ? Nous avons vu, que la simple sensation, si intense soit-elle, ne fait pas naître cette « intelligence autre » ; elle ne déconditionne pas l’esprit. Alors, que fait l’attention pure face au désordre et à la confusion ? Peut-on les regarder comme le coucher de soleil, comme la rivière, avec le même regard silencieux ? Peut-on observer tout le panorama, sans avoir recours à la pensée ?

  Quand on perçoit un danger, quand la perception est réelle, on s’écarte du danger, on ne court pas vers le précipice ou le serpent à sonnettes. Perçoit-on réellement le dysfonctionnement de l’esprit ? On en parle, on en discute, mais le perçoit-on véritablement ?

  Si celui-ci persiste, c’est que naturellement notre perception est faite de mots, mais n’est pas réelle. Nous décrivons une idée, nous ne voyons pas le fait. Nous revenons donc à la confusion entre l’idéologie et le fait, entre la croyance qui crée l’expérience, et la pure vision.

  Nous n’avons pas saisi ce qu’est l’idéologie, cet ensemble de mots et de symboles, nous n’avons pas perçu sa nature illusoire, et en fait nous sommes toujours dans le sortilège de la pensée.

 

  Que se passe-t-il quand l’esprit se rend compte qu’il se joue des tours, qu’il n’a pas bougé d’un seul pas depuis le début ? Quand nous nous rendons compte, que chaque action « est » l’expression de cette confusion, que se passe-t-il vraiment ? Si l’on se rend compte que l’acte de commenter est totalement destructeur, alors les commentaires cessent d’eux mêmes, sans effort aucun, le silence se fait dans l’esprit. Cette fin des commentaires est la fin de l’idéologie, c’est aussi la fin de l’esprit confus, c’est à dire que quelque chose de très ancien a cessé d’exister, et seul demeure le silence immobile.

  Alors l’esprit est totalement différent, il n’est plus en quête de plaisirs, d’expériences, il ne cherche plus aucun résultat. Et dans ce regard autre, toute les idéologies du monde des hommes tombent, les croyances n’existent plus, il y a une existence hors du monde de la pensée.

  Aucune référence autre que sa propre vision n’existe, alors on devient sa propre lumière, et la rupture avec le monde est totale, complète ; et l’esprit goûte à la vie comme pour la première fois, comme au matin du monde….

  Pour qu’un monde neuf soit, l’ancien monde doit finir.

 

  Krishnamurti nous invite à ce voyage, mais c’est à chacun de se mettre en mouvement, à chacun d’entreprendre le voyage.

  Et lors de ce voyage, l’homme voit très clairement, très précisément, que la souffrance humaine n’est pas une fatalité ; et il perçoit aussi que nous sommes responsables de sa présence sur terre.

  Alors le voyage c’est la fin même de cette souffrance.

 

 

    Paul Pujol

    Trévoux, le 24 janvier 2010.



  Je tiens à rappeler que ce texte n'engage, bien évidemment, que ma seule parole. 

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 11:01

 

 

Dimanche 21 février 2021.

 

 

 

Journée d'étude J. Krishnamurti.

 

 

 

à Trévoux (25 km au nord de Lyon).

 

Une journée d'étude et de dialogue basée sur une vidéo de J. Krishnamurti.

 

 

Thème de la journée:

 

 

"L'intelligence suprême est

 

absence d'illusion."

 

Ce thème est basé sur une vidéo d'un dialogue avec l'école de Brockwood Park (Angleterre), le 16 octobre 1983. Celle-ci servira de support lors de nos dialogues.

 

Vous pouvez visualiser cette vidéo sur ce lien: 

https://www.youtube.com/watch?v=Xbzxylqn61s&list=PL1n30s-LKus5Gonnrq2Ul2u2AfpwQC8Hn&index=188

 

 

 

Horaires de la journée :

 

9 h 30 : Accueil , présentation de la rencontre et des participants. 

9 h 45 : Visionnage de la vidéo (première partie), suivi d'un dialogue.

11 h 30 : Pause collations.

12 h : Déjeuner (repas pris dans un restaurant du village,

ou si les restaurants sont fermés pour raisons sanitaires,

chacun amène un plat végétarien salé ou sucré à partager).

14 h 15 : Visionnage de la deuxième partie de la vidéo, et reprise

du dialogue.

16 h 30 : Fin de la journée.

 

Lieu de la rencontre :

Au 37 route de Reyrieux 01600 Trévoux

 

Hébergements à proximité:

Voir les liens sur l'Office de tourisme de Trévoux.

- Hôtels 

- Chambres d'hôtes

- Gîtes et meublés

- Campings

- Hébergements insolites

 

Tarification et réservations :

En raison de la crise sanitaire, le nombre de participants est limité à 6 personnes. Participation sur inscription obligatoire, vu le nombre restreint de places.

Tarifications 40 €.

(Si vous avez des difficultés financières, n'hésitez pas à nous en faire part.

L'aspect financier ne devant pas être une gêne à votre participation).

 

 

Animation :

 

La rencontre sera animée par Paul Pujol, mais il est évident que tous les participants sont en quelques sortes également animateurs. Nous portons tous, et chacun la responsabilité de nos paroles et de nos actions. Donc chaque personne est responsable de la qualité des échanges, et chacun participe à la création d'une atmosphère favorable à l'écoute de soi et de l'autre.

 

  "Suite au visionnage de la vidéo de J. Krishnamurti, nous dialoguerons sur ce qui nous interpelle ou pose question, et nous essayerons naturellement de faire le lien avec notre vie quotidienne de tous les jours. Nous n’acceptons rien par avance et nous examinons ce que dit Krishnamurti, avec doute et hésitation."

Inscriptions, et renseignements :

 

Le nombre de places étant limité, il est recommandé

de s'inscrire au plus tôt.

Contact : Paul Pujol

06 82 33 09 05  / pujolpaul@ms.com

__________________________________________________________

 

 

Nous tenons à rappeler que l'étude des "enseignements" de

J. Krishnamurti se fait sans aucune forme d'idolâtrie, et sans aucune dévotion stérile envers sa personne. Ses paroles ne représentent pas pour nous une autorité quelconque, nous les étudions pour essayer de les comprendre et voir si elles sont vraies et justes.

Il va de soi que, n'acceptant pas J. Krishnamurti ou ses paroles comme des autorités, nous n'acceptons évidemment aucune autre autorité. Que ce soit une religion (Orientale ou Occidentale), un maître à penser, un guru spirituel, un groupe ésotérique ou autre.

De même, nous rejetons toute croyance, rituel ou dogme.

Cela n'est pas le résultat d'un mépris ou d'une arrogance, mais nous voyons très clairement que pour comprendre quoi que ce soit, il faut voir par soi-même directement, et non pas voir par le regard ou l'interprétation d'un autre. Pour voir directement notre manière de vivre, nous devons expurger l'esprit de toutes ses croyances.

La liberté est essentielle à toute démarche d'investigation.

 

 

Paul Pujol

 

_______________________________________________________________

 

 

Organisation:

Paul Pujol / N° SIRET 38296700800063

Relations et Connaissance de soi : www.paul-pujol.net

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Paul Pujol - dans Activités 2021
28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 10:59

 

 

Nous vous présentons une conférence suivie de questions-réponses,

donnée à la Librairie Chemin Faisant à Aix les bains

en Savoie, en mars 2018.

 

Thème principal de cette intervention : L’esprit libre des pensées.

 

Notre esprit est dominé par la pensée, qui s’impose et s’invite en nous, cela que nous en ayons besoin ou pas. Nous constatons que la pensée domine l’esprit, qu’elle est devenue très importante, et que son utilisation permanente engendre de nombreux problèmes, égocentrisme, isolement, séparation, violence, impossibilité d’être au présent.

 

Devant ce constat, de très nombreuses personnes préconisent comme remède de faire taire la pensée, et de l’arrêter par toutes sortes de méthodes et d’exercices. Donc on propose la lutte, et comme une volonté de

détruire le mouvement des pensées.

Mais la pensée est une partie de nous-mêmes, vouloir la faire taire, c’est brimer une partie de soi. La pensée à sa vie dans l’esprit, c’est comme les nuages qui existent dans le ciel, ils y ont leurs places.

« Vouloir arrêter les pensées c’est comme arracher les nuages du ciel. »

 

Qu’existe-t-il au-delà de la pensée, qu’est-ce alors que l’esprit ?

L’esprit libre des pensées découvre un grand silence et une paix immuable. Dans cet immense silence, on devient sensible à la vie dans sa totalité,

alors l’amour fleurit dans le monde.

 

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Paul Pujol - dans Vidéos
16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 09:21

 

 

   Il existe un art du dialogue, un art de l’exploration et de l’enquête. Pour comprendre le monde et soi-même, il faut investiguer, se questionner, être curieux. Cet art du dialogue se fait avec des gens animés de la même passion de découvrir « ce qui est », mais il se réalise aussi avec soi-même. Si on ne sait pas vraiment dialoguer avec soi, on peut très difficilement dialoguer avec d’autres personnes.

 

   Pour que cela soit vivant, une grande intensité est nécessaire, un grand sérieux doit être présent, ce qui n’exclut pas la joie et la beauté.

   Naturellement pour communiquer avec autrui, on utilise des mots et des phrases, mais les mots ne sont pas ce qu’ils décrivent, la carte d’un menu n’est pas le repas. Les phrases et les mots prononcés ont une puissance, une force, quand ils décrivent ce qui est perçu dans le présent, quand ils sont l’expression d’une vision immédiate. La beauté d’une telle perception, si les personnes sont attentives et écoutent vraiment, c’est que la perception d’une seule personne devient la perception des autres, c’est le groupe lui-même qui perçoit dans un même mouvement.

 

   Un tel échange est très rare, surtout dans notre monde où n’existe que des débats d’opinions, que des confrontations de points de vue particuliers.

Quand on découvre cet art du dialogue, on découvre la joie d’apprendre, de comprendre par soi-même, sans dépendre ni de la rumeur publique, ni du lavage de cerveau imposé par les différentes structures de la société.

La plupart des gens disent communément « Il ne faut pas se compliquer la vie », ou même, « il ne faut pas se prendre la tête avec des paroles sans fin qui ne mènent à rien. » Mais alors qu’est-ce que vivre ? Juste consommer des sensations, être un avaleur des produits et d’informations concoctés par d’autres, avoir dans l’esprit les théories et les idées venant de l’extérieur. Une vie basée uniquement sur la satisfaction du plaisir, est une vie qui appele la souffrance.

 

   L’art du dialogue, du questionnement, nous évite le naufrage du conformisme et de la sécurité à tout prix, il attise notre curiosité et veille à ce que notre esprit  ne se réduise pas à quelques conclusions, bien figées et donc bien mortes.

   S’interroger, enquêter, découvrir sur soi et sur le monde, sans jamais crisper ce mouvement, sans jamais créer de nouveaux dogmes, cela est une fontaine de jouvence pour l’esprit et pour l’homme.

   En cela existe une grande paix, quelque chose d’indéfinissable et d’une immense beauté.

 

 

   Paul Pujol

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Paul Pujol - dans textes paul pujol
9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 19:56

 

 

  Nous avons découvert récemment l'auteur Belinda Cannone.

Une belle personne avec un esprit vif avec de très bonnes réflexions.

   Dans son dernier livre "S'émerveiller" (qui n'est pas un roman mais un essai), elle parle de l'émerveillement, comme antidote à "l'enténèbrement" de notre époque. Elle évite également l'approche trop simpliste, tendance new age, qui n'est qu'une caricature de sagesse.

 

 

   Vous trouverez ci-dessous la présentation de l'éditeur.

 

 

« Parfois le silence règne, nous sommes paisibles et concentrés, la lumière est belle et notre regard vigilant : alors l’émerveillement nous saisit. D’où vient ce sentiment fugitif ? Il ne résulte pas forcément de la nature grandiose de la situation ou du spectacle. Souvent c’est un état intérieur favorable qui nous permet de percevoir une dimension secrète et poétique du monde. Soudain on vit pleinement, ici et maintenant, dans le pur présent. Cette disposition intime est une conséquence du désir de vivre et de la faculté de joie. 
Le risque de l’enténèbrement a frappé notre époque mais il faut d’autant plus persister à évoquer l’émerveillement. Car la construction du bonheur, le respect de chaque vie précaire, précieuse et susceptible d’accueillir les plaisirs en même temps que le labeur, sont la marque de notre conception de l’existence. Ici est notre séjour, y porter un regard attentif est le plus sûr remède contre le nihilisme. »

 

 

Voir le lien vers Les Editions Stock.

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Petite biographie de l'écrivain:

 

Belinda Cannone de nationalité Française est née en Tunisie en août 1958. Elle est romancière et essayiste. Docteur et maître de conférences en littérature comparée, elle a enseigné neuf ans à l'université de Corse-Pascale à Corte, et depuis 1998, à l' université Caen-Normandie. Elle a publié plusieurs ouvrages sur les liens entre la littérature et la musique, et des études littéraires, notamment sur le roman "l'Oeuvre" d’Émile Zola.

Elle a publié sept romans, dont notamment le dernier "Nu intérieur" aux éditions de l'Olivier, et plusieurs essais dont "L'écriture de désir" (prix de l'Académie Française 2001), "Le sentiment d'imposture" (Grand prix de l'essai de la Société des Gens de Lettres 2005), "La bêtise s'améliore" éditions Stock 2007 et "La tentation de Pénélope" éditions Stock 2010.

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Paul Pujol - dans Sciences et Cultures